Extrait du journal

III. Retour aux Anciens combattants — Alors, la méthode extérieure? !— Oui. — Les anciens combattants? Un officier supérieur en retraite me communique des réflexions qui me dispen sent de réponses qu'il y aurait, je crois, mauvaise grâce à faire personnellement. Je n'ai pas combattu. J'ai fait tout ce qui dépendait de moi, pendant la guerre et après la guerre, pour servir la cause des anciens combattants. Ils ont trouvé d'autres serviteurs dont ils n'ont pas eu à se féliciter, ni la France. Que la parole soit donc donnée à l?un d'eux. Il écrit : Tout bon Français applaudira à la ré solution exigeant, dans les circonstances présentes, un gouvernement national. Quel les seront les conséquences de cet acte? Les A.C., malgré leur force, encore in discutable, sont-ils capables d'autre chose que d'un geste platonique? C'est, il y a 20 ans, qu'une telle résolu tion aurait dû être prise et menée à bien. Les A.C. formaient, à ce moment, un bloc considérable couvert d'un prestige inouï, le prestige des vainqueurs; ils pou vaient dicter leur loi et débarrasser la scène politique de ce tas d'aveugles et de pantins qui n'avaient su ni prévoir ni orga niser et auxquels cinq années de guerre n'avaient rien appris. Après avoir sauvé la France aux fron tières, les A.C. pouvaient la sauver à l'in térieur. Le pays tes aurait suivis. Ils auraient dû exiger après la grande tourmente un gouvernement fort et vrai ment national qui aurait rapidement relevé la France de ses ruines et l'aurait main tenue au premier rang des nations. Il n'aurait pas manqué, à ce moment, d'hommes capables, tel un Mangin, de prendre la direction de ce mouvement. Malheureusement, les partis de gauche, forts de leurs effectifs qu'ils avaient su maintenir dans les usines à l'abri du dan ger, ont, par de savantes manœuvres, in troduit la politique dans ce bloc admirable et l'ont désagrégé. Faute de cette libération, nous avons vu la France gouvernée de nouveau par ces mêmes pantins et mêmes traîtres, qui avaient presque causé sa ruine. Et pourtant quelle situation avions-nous à ce moment, dans le monde! J'ai été, après la guerre, envoyé en mis sion dans certains pays d'Europe et j'ai parcouru l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche, 'a Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Yougo slavie et une partie de la Pologne; il.est impossible, de se figurer le prestige qu'a vait alors en Europe un uniforme d'offi cier français. Nous aurions pu dicter notre loi an monde. De ce tardif réveil de l'esprit A.C., l'in tention est excellente, mais il est bien tard! Ceux qui rentraient du front pleins d'es poir dans l'avenir, et conscients de leur force, ont perdu en grande pai'tie la belle confiance qui était alors capable de tout renouveler. Et mon correspondant ne termine pas ce mémorandum sans gémir, comme il en a le droit, sur l'indifférence de certains grands chefs militaires, aujourd'hui dis parus, quant aux aspects politiques du grand problème national. Je ne saurais le contredire sur ce point. Mais les responsa bilités qu'il faudrait y dégager, sont ancien nes, lointaines, et, si on les serre de près, il faut bien y reconnaître la corruption administrative du régime. L'armée d'après l'affaire Dreyfus n'était plus l'armée d'avant l'Affaire, et les listes Corin'ie- ( Carthage du général André avaient survécu »...