Extrait du journal

Si l’on nous avait dit, il y a treize ans, au moment où par une belle journée voilée de novembre sonnaient toutes les cloches de l’Armistice, où la joie profonde de notre victoire si chèrement acquise et de la paix enfin recouvrée, nous faisait oublier, un instant, tous nos deuils et l’immensité de nos ruines, si l’on nous avait dit qu’un jour viendrait, en 1931, où sans avoir presque rien payé des réparations qu’elle nous doit, après s’être dérobée à la plupart de ses engagements, I après nous avoir contraints à relever tout seuls nos régions envahies, sauvagement dévastées par elle, et avoir répondu par des manifestations d’hostilité ou de provocation à toutes nos avances et à toutes nos concessions, l’Allemagne responsable de la guerre viendrait encore se poser en victime, pleurer misère devant le monde apitoyé et nous inviter à l’assister financièrement, au prix de lourds et dangereux sacrifices, nous n’eussions pas manqué de répondre qu’une telle hypothèse était folle et qu’il n’était pas possible que des hommes sensés, ayant vécu la guerre, laissent intervertir à ce point les situations, au détriment de la France et au mépris de toute justice....