Extrait du journal
AU GOUVERNEMENT DROVISOIRE LE DROIT DE CONVOQUER l’aSSEMBLÉE GÉNÉRALE, A LA PRESSE CELUI DE DÉTERMINER LE MODE D’ÉLECTION. Il y a trois jours nous faisions notre premier appel à rassem blée nationale, nous déplorions la précipitation (les actes qui engageaient l’avenir et dépassaient le mandat donne-, et l’on lions accusait de témérité; les barricades sont encore debout, lions disait-on, le peuple est encore sous les armes, il n’est pas prudent de contester sa toute puissance et son infaillibilité. Nous avons eu plus de confiance dans le bon sens et la généro sité du peuple, nous n’avons point cédé à l’entraînement du moment. Nous avons réclamé un temps d’arrêt pour l’examen, pour la discussion; la plupart des journaux sont maintenant dans la même voie, et quelques-uns déjà essaient de renfer mer le pouvoir, qui gouverne provisoirement la France, dans ses attributions et sa mission pour le maintien de l’ordre pu blie et la marche régulière des fondions sociales. Comme nous, ils demandent maintenant de réserver à l’assemblée na tionale, qu’ils appellent comme nous de tous leurs vœux, la décision de toutes les questions qui touchent à la constitution du pays. Les gouvernemens provisoires ne sont jamais de trop courte durée quel que soit d'ailleurs le mérite des hommes qui les composent; l’instabilité d’une situation précaire compromet tou jours la prospérité d’un pays. Il importe donc de s’occuper au plus tôt de la formation de celte assemblée; elle sente pourra écarter les défiances, rétablir le mouvement normal, et conso lider l’édifice social si fort ébranlé, quoiqu'on puisse dire, par cette secousse imprévue. Le pouvoir de convoquer cette assemblée appartient évi demment de fait au gouvernement provisoire, mais le mode d’élection ne doit pas être déterminé sans le concours de la presse. Il vient de s’accomplir en France une révolution sans exem ple dans l’histoire ; si notre situation n’a pas de précédent, il faut aussi une solution toute nouvelle. La presse, cette tribune d’où chaque jour la pensée impose ses opinions à des millions de lecteurs, est une magistrature souveraine ; c’est elle, évidemment, qui a disposé le peuple au grand événement qui vient de s’accomplir; c’est la presse (pii a paralysé les quatre-vingt mille défenseurs du pouvoir, et, sans cela, vraiment, qui pourrait expliquer celle émeute s’élevant à la hauteur d’une révolution! (pii pourrait comprendre cette victoire- d'une poignée d'hommes soutenus au départ par des barricades sans combat tans et salués après le combat par tout un peuple ; aussi c’est à ta presse qu’il appartient de préparer les (démens de notre constitution nouvelle, et nous croyons par conséquent juste et utile, dans les circonstances où nous som mes, que le gouvernement forme une commission composée des rédacteurs en chef des journaux politiques de Paris. (Vite commission, formée de toutes les nuances d’opinions, serait sans aucun doute bien accueillie dans le pavs. Il v a une sorte (l’élection dans le choix que chacun fait de son journal, et cha que rédacteur, lorsqu’il s’agit d’examen , représente assez convenablement ses lecteurs habituels. On comprendra, nous l’espérons, les avantages d’une pareille mesure pour constituer le meilleur mode d’élection, et pour satisfaire, dès le début, l’opinion publique....
À propos
La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.
En savoir plus Données de classification - albert
- france
- paris
- algérie
- afrique
- angleterre
- rome
- limoges
- l'assemblée
- la république
- assemblée nationale
- france 2