Extrait du journal
menacée par Espartevo et O’Donnell, c’est Louis XVI subissant l’injurieuse tyrannie de Roland et de Péthion. On voit clair aujourd’hui dans le jeu des révo lutions espagnoles, et leur hypocrisie est percée à jour. Convaincus et avec raison que le peuple espagnol est profondément monarchique, que ses traditions, ses mœurs, ses croyances, tout enfin confond ses destinées avec celles de la monar chie, ils ont paru un moment vauloir respecter le trône et se faire les champions de la Monar chie constitutionnelle. Mais, s’ils laissaient vivre cette Royauté, c’était à condition qu’elle fût en tre leurs mains l’instrument toujours docile de leur ambition, do leurs desseins anarchiques et de.leurs mesures spoliatrices. Ace prix seule ment ils pouvaient tolérer la Royauté. Mais, dès qu’ils ont rencontré la moindre résistance, quand la couronne a refusé de signer quelque grande iniquité, comme l’a dit dans ses angoisses la reine Isabelle, alors ils menacent la Royauté de déchéance et se déclarent prêts à proclamer la République. Voilà ce qui vient de se passer au palais d'Aranjuez, et même nous pouvons le dire avec trop de raison, avec des circonstances aggravantes. Ici, en effet, le souverain est une Reine, une femme ; on veut lui arracher la sanction d’une loi qui trouble sa conscience, sa foi religieuse, et constitue pour elle un véritable sacrilège. Et comment s’y prend-on pour triompher de sa résistance ? On lui inflige une véritable torture morale en invoquant l’intérêt de sa fille, son avenir, en déclarant à la mère qu’on gardera contre elle sa fille en otage. On place la malheu reuse Reine entre le sacrilège et le sacrifice de sa fille. Et ceux qui se livrent à ces coupables vio lences ne sont pas d’obscurs démagogues sortis des derniers rangs, des bas-fonds de la société, comme les hommes que nous avons vus, dans notre Révolution, saisis d’une implacable fureur contre toutes les supériorités de la naissance, du talent et de la fortune. Non, les Révolutionnaires qui, en Espagne, outragent la Royauté dans la personne d’une femme, portent l’épée et sont comblés d’honneur ; ce sont des maréchaux dont la poitrine est couverte de tous les signes, de toutes les récompenses de l’honneur militaire. Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’Espartero se plait à humilier 2a Couronne, et il a pu à Aranjuez se souvenir de ses exploits de Barcelonne. Quant au maréchal O’Donnell, c’est sans doute en raison des bienfaits dont les deux reines Christine et Isabelle l’ont comblé, qu’il s’est montré plus irrespectueux et plus violent. 11 ne faut pas se le dissimuler, par les scènes d’Aranjuez, la Révolution a fait un pas déc'si f. Jusqu’à présent oh pouvait croire que la Royauté gardait encore quelque liberté, quelque indé pendancc tians les limites étroites qu’on avai tracées autour d’elle : cette illusion que, pour notre compte, nous n’avons jamais partagée, n’est plus aujourd’hui possible pour personne. La Révolution vient de proclamer hautement et...
À propos
La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.
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