Extrait du journal

Ëleviie des dois maux. Le Journal des Débats voit dans les dernières dépêches de Crimée l’annonce d'une bataille pro chaine. Il constate le succès de la grande et diffi cile opération du débarquement, et il ajoute : Ce que l’armée doit se proposer actuellement, c’est d’aller occuper, le plus près possible, de Sé bastopol, une position, un cap, une langue de terre propice à rétablissement d’une place d’armes bien retranchée, où l’on installera les hôpitaux, les ma gasins, les dépôts de vivres et de munitions, où l’on débarquera la grosse artillerie de siège, et d’où l’on pourra communiquer journellement avec la flotte pour l’approvisionnement continu de l’armée. La création de cette place de dépôt est indispensa ble, et de plus, il faut qu’elle soit sit uée de façon à servir de point d’appui aux opérations de siège qu’on doit naturellement exécuter contre les forts qui bordent la rive septentrionale de la rade, et en face desquels s’étendent la ville et le port de Sébas topol, sur la rive opposée. — Saint-Ange. Le Siècle discute à un point de vue essentielle ment, sinon exclusivement américain la Gestion de Cuba. Il prévoit le cas où l’Espagne, ^Risant de vendre sa colonie, pourrait se ia voir enlever par quelque entreprise dont le gouvernement de l’Union américaine serait entraîné, quoi qu’il en eût, à accepter et défendre les résultats. Le Siècle a trouvé un moyen de retarder cet événement d'a bord, puis, le cas échéant, de mettre à couvert la moralité et les intentions du pouvoir fédéral. Rien dans le nouveau monde, ne peut distraire les Américains de la pensée d’avoir Cuba à tout prix ; cette pensée les poursuit, comme la voix du spectre qui disait à Macbeth : Tu seras roi! Pour détourner les Etats-Unis de cette pensée qui peut les entraîner à un coup d’Etat contre eux-mê mes par la violation du self governement ou par un abus de la force contre un peuple en travail de sa liberté intérieure, il n’est qu’un moyen, c’est de leur faire comprendre la nécessité de payer leur dette à l’Europe en prenant une large part b la guerre ac tuelle de la civilisation contre la barbarie du Nord. L’égoïsme est permis aux enfants, parce qu’ils sont faibles; on l’excuse parfois chez le père agissant pour son fils : il est intolérable chez les peuples, de même que chez l’homme d’âge viril. Ou ne vit pas de progrès et de succès purement matériels, car si nous avons un corps à soigner, à nourrir, nous avons une âme à entretenir dans les saintes volup tés du sacrifice au profit des principes et des nations opprimées. Les Américains, du haut de leur richesse et de leur inattaquable liberté, peuvent assister comme à un spectacle aux luttes de cet ancien monde d’où ils sont sortis. Ils le peuvent; mais c’est pour cela qu’il serait beau de ne pas le vouloir et de dire : Place à notre étendard aux trente et une étoiles ! il vient se mêler au combat, sans intérêt présent, par respect du droit et par devoir envers la justice ! Et cela ne serait pas seulement beau, cela finirait par être profitable. Ou croirait en effet à la parole des Etats-Unis quand, après un grand acte de désinté ...