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L’Aube, 12 janvier 1945

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L’Aube
12 janvier 1945


Extrait du journal

NEAU du grand mariage par Maurice SCHUMANN C’EST d’Amérique, et non pas de France, qu’est partie la campagne pour l’élargissement de la Conférence des Trois. C’est la presse américaine, et non pas la presse française, qui demande la première que le général de Gaulle soit invité à prendre siège auprès du président Roosevelt, de M. Churchill et du maréchal Staline, lors de la prochaine « réunion des Grands ». Rien de plus symptomatique que cette initiative. La France libérée a retrouvé d’instinct la résonance de son propre rang. De même que le message du 18 juin lui avait rendu le style de sa grandeur quand elle était au plus profond de l’abîme, de même elle a recouvré, par une démarche naturelle, le sentiment de la puissance en même temps que de la liberté. Loin de mendier sa place parmi les vainqueurs, voici qu’elle apparaît parfois en posture de sollicitée. Comment expliquer cet apparent paradoxe ? Le con cours de nos alliés nous est indispensable pour armer nos soldats, faire tourner nos usines, rétablir nos communica tions, relever nos ruines. Jamais pays — ou du moins jamais grand pays — ne dépendit à tel point d’autrui pour survivre, mieux encore, pour revivre. Mais, en revanche, jamais on ne vit demandeur plus recherché. Ce contraste ne tient pas seulement au renversement provisoire de la situation militaire, c’est-à-dire non point à une modification du rapport des forces, mais au sursaut de l’Allemagne qui empêche encore cet hiver le déplacement vers le Pacifique du centre nerveux de la bataille. En réa lité, si l’ensemble des nations unies ont pris subitement conscience du fait que le concours de la France leur était nécessaire pour gagner la dernière manche de la guerre, elles ont pris lentement conscience du fait que le concours de la France leur était nécessaire pour gagner la première manche de la paix. Ou pour mieux dire : nous sommes, dans la préparation de la paix comme dans la conquête de la victoire, le CIMENT NECESSAIRE DE LA COA LITION. (LIRE LA SUITE EN DEUXIEME PAGE, DEUXIEME COLONNE.)...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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