Extrait du journal
Apres la conclusion de la paix, une mer veilleuse période de labeur s’ouvrira à toutes les activités. Sans parler des travaux retar dés ou interrompus par la guerre, nous aurons à relever notre industrie, notre agri culture, notre commerce, à reconstruire nos villes et nos villages détruits, en un mot à réédilier avec une main d'œuvre, d'ailleurs réduite, tout ce que la guerre a jeté bas depuis quatre ans. Mais pour que chacun puisse profiler de cette renaissance du tra vail qui donnera de l'argent à gagner à tous ceux qui ne bouderont pas à l’ouvrage, nous aurons avant tout, besoin de l’ordre. 1! faudra que l'ordre ne soit pas troublé. L'ordre c'est un mot qui sonne encore désagréablement à l'oreille de quelques uns. Un n'a pas oublié « l'ordre moral » de fâcheuse mémoire. Même, on se souvient encore du mot malheureux prononcé en 1831 par le ministre des affaires étrangères Sébastian!, après I écrasement de l’insurrection polonaise : « l’ordre règne à Varsovie ». On lui tient encore rigueur. On préfère entendre parler de liberté. Cependant ordre et liberté, sont deux termes qui, loin d’être opposés et de s’ex clure, se complètent admirablement au con traire, le premier ne pouvant exister sans le second et réciproquement. Sans l’ordre, pas de liberté. Il sullit de réfléchir un instant pour s'en rendre compte. Supposons, en effet, que nous tombions subi tement dans le désordre et l'anarchie : l’au torité ayant fléchi ou disparu, les éléments les moins recommandables de la société qui sont aussi les plus audacieux prendront immédiatement le dessus, tiendront la rue et seront les maîtres. Ce sera le triomphe de la force brutale et de la violence 11 n’y aura plus de liberté, de sécurité pour les gens paisibles, pour les honnêtes gens qui seront réduits à se cacher ou à s’enfuir — voyez Russie — à moins qu’ils n’aient le courage île résister, et alors ce serait tout au moins la guerre civile. La liberté n'a d'autre fondement sérieux que l'ordre et ne saurait sans lui vivre et se développer. Rour emprunter une comparai son au règne végétal, l’ordre c’est le tronc, les racines, les branches, toute la solide armature de l'arbre ; la liberté, c'est la fleur et c'est le fruit. La liberté, c’est l’épanouis sement de l'ordre. Réciproquement l’ordre véritable ne peut exister sans la liberté, ou bien ce n'est qu’un ordre trompeur et précaire, imposé par la crainte et la tyrannie, et qui s'écroule au premier souille des révolutions. Nous voulons, n’est-ce-pas, nous mettre résolument au travail après la guerre, réparer nos pertes, regagner le temps perdu, refaire la France, lui rendre son rang qui doit être le premier, car c’est la France qui a supporté le premier choc, qui a rallié les autres peuples, leur a donné le temps de s armer et d'interve nir ; c’est la France qui, du commencement a la fin a brandi l'étendard du droit et de la civilisation au milieu des batailles. Nous voulons que notre glorieuse patrie sorte grandie et plus glorieuse encore de l'épreuve. Alors, dès que l’heure de la paix aura sonné, dès que nos héroïques soldats, ouvriers, cultivateurs ou bourgeois, auront déposé les armes pour reprendre d'un cœur vaillant le travail accoutumé, il nous faudra veiller avant tout au maintien de l'ordre, choisir pour nous représenter des hommes résolus à le garantir énergiquement, à se mettre en travers de toute tentative ayant pour but d'introduire chez nous celte peste asiatique que de malheureux inconscients voudraient déjà nous inoculer. El pour cela il est nécessaire, indispensable que tous les bons citoyens, oubliant ce qui les divise et préparant ainsi la définitive réconciliation, se rapprochent, se réunissent et agissent de concert pour le bien, comme les mauvais savent se grouper et s’entendre pour le mal. Après cette guerre qui nous a trouvés tous la main dans la main et qui nous a appris à nous connaître, nous n'avons plus en réalité qu'un véritable danger à craindre : le désor dre, l’anarchie, le Bolchevisme, puisqu'il faut l’appeler par son nom ; et, si nous com prenons bien notre devoir et notre intérêt, nous ferons l’union sacrée contre l’ennemi de l’intérieur, comme nous l’avons faite, pen dant la guerre, contre l’ennemi du dehors, ce qui a permis à la France et à ses alliés de lui tenir tète et de le vaincre. Formons enfin le parti des bons Français, des bons citoyens, contre lequel si nous som mes unis rien ne prévaudra. Le salut de la France l’exige ; comme l’a dit Clemenceau, père de la victoire, la France le veut. Gustave KAVANAGH...
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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