Extrait du journal

Que n'ont-ils lu le merveilleux récit fait, l’autre jour, par le lieutenant J..., à un journaliste français envoyé sur le front J C'était dans une tranchée nouvelle ment conquise. Nos hommes étaient en train de l'aménager, lorqu’une avalan che de bombes les couche tous à terre, morts et blessés pêle-mêle. L'ennemi, les voyant sans vie, accourt, se préci pite... Dans quelques secondes, il aura reconquis la place d'où l’on vient de le déloger... Mais un des soldats français étendu, ruisselant de sang, ouvre les yeux... Il voit... Il se redresse, saisit un sac de grenades placé près de lui, et, de toute la force de ses poumons, s’écrie : — Debout ! les morts ! Puis, à genoux, puisant dans le sac, il jette ses grenades parmi les assaillants. A son appel sublime, trois autres blessés se dégagent des morts, se dres sent, eux aussi, empoignent des fusils et tirent... et tirent... L’ennemi fuit. La tranchée reste à nous. Nos morts l’ont héroïquement dé fendue. * 0 vous, les combattants d'hier, dont le courage succombe aujourd’hui, acca blé par les deuils, les angoisses trop prolongées, debout! —Debout! les morts! .. Vous, dont la vie est à jamais brisée par l'adieu d’êtres bien-aimês; vous, qui n’avez plus rien en ce monde, ni coin de terre, ni foyer; vous, les inconsolables, vous, les déses pérés, debout ! Debout les morts ! Pour la France et pour Dieu l Ce ne sont pas les plus atteints qui sont le plus sujets à se laisser démora...