Extrait du journal

CHRONIQUE Au chevet du parti radical Messieurs les radicaux sont extrême ment. préoccupés de l'organisation de leur parti et de la propagande de leurs idées. Après avoir exercé le pouvoir pen dant douze années, ils se sont avisés soudain qu'ils vivaient eux-mêmes dans une anarchie épouvantable. Telles les hordes barbares qui asser vissent un pays avant de songer à se discipliner elles-mêmes. Des docteurs se sont levés ; ils sont quelques-uns qui sont partis en cam pagne, et, en la froide journée du dimanche 8 janvier, une vingtaine de ténors parlementaires s'en furent distri buer, en six grandes conférence.-, la bonne parole radicale dans tous les coins de la France. Leurs propres amis osent prétendre qu’ils ont remporté de triom phants succès. En fait, le parti radical et radicalsocialiste est malade d’une maladie qui ne pardonne pas plus aux collectivités qu'aux individus ; il est atteint de débilité sénile. Déjà, diront quelques sceptiques. Oui, déjà, parce que—du jour où il a été mis, par un coup de fortune et par des trahisons inouïes, en possession de l’hé ritage national — il ne s’est préoccupé que de jouir, que de gaspiller le patri moine dont il était pourtant simple dépositaire; il n'a même pas eu le souci de se rendre digne de sa fortune en se décrassant un peu. Les anciennes coquettes, auxquelles échoit une succession inespérée, font généralement, effort sur elles-mêmes pour se transformer « en dames du monde ». Le parti radical n'a’ point eu cette intelligence : il s’est comporté comme l'alcoolique invétéré à qui ou annonçait qu'il avait gagné le lot de cent mille francs et qui demandait simplement : « Combien de petits verres pourrai-je < me payer par jour ? » Le parti radical est malade, et les docteurs qui se penchent sur son chevet ne parviendront point à le sauver : il a bu trop de petits verres. Mauvais début La République portugaise n'a jamais inspiré grande confiance, mais depuis quelques semaines on est en droit de douter de sa durée. On l'a dit avec raison, le gouverne ment républicain du Portugal est prison nier de ses origines. Le pays a accepté la République, mais cela ne veut pas dire qu’il l’ait acclamée....