Extrait du journal
' Aussitôt que la'femme est née, la fillette disparaît, elle a des désirsTst des intuitions étranges, elle est moins égoïste, un ' nouveau besoin'de se donner s’impose à elle et lui'remplit le cœur de tendresse. Dès qu’elle aura, rencontré l’homme capable de gagner son cœur, elle 'pourra,- par amour pour lui, rester-1 forte ou tomber, vivre où mourir. Jeunes gens, cet amour féminin, tendre, aimable, .coura geux, généreux, prêt à tout subir pourvu qu’il puisse servir la cause qui lui' est chère, est, à mon avis, le plus beau sentiment qui existe. / Jacqueline s’était ainsi épanouie lorsqu’elle fut atteinte par un grand chagrin : sa mère mourut. Si la douleur éprouve souvent laxsanté, elle "peut aussi fortifier l’âme, et notre jeune amie sortit de cette épreuve plus belle que .jamais. Elle reprit ses études et passa avec succès son brevet élémentaire ; mais peu après, elle perdit son père. t Quand sa situation de fortune fut établie, il lui restait quatre cent vingt-cinq francs, et elle était orpheline ; mais Jacqueline avait du courage, elle passa deux mois à l’École normale et se mit dans l’enseignement. 1 j; C’est à ce moment qu’elle rencontra celui qu’elle devait ' aimer : un jeune' soldat, de bonne famille, paraissant vraiment « très bien » dans éon uniforme. Ils se rencontrèrent chez l’oncle du jeune homme, et ils furent bientôt fiancés. Subitement^il fut désigné pour le front; il devg.it partir dâns la huitaine. Durant cette dernière semaine, il allait tous les jours la chercher à la sortie de l’École et tous deux se promenaient sur les bords, du lac ; mais à mesure que le jemps s’écoulait, Jacqueline devenait plus songeuse, œlle s’attristait en pensant qu’il allait partir pour, la grande' guerre et qu’il m’en reviendrait peut-être jamais. Elle était pourtant fi ère de lui, car elle appartenait _à une famille de patriotes, ayant toujours servi le pays. v La veille delà séparatroij, ils allèrent, au clair de lune, faire une dernière promenade le long du lac. La soirée était avancée lorsqu’ils prirent le chemin du retour; ils causaient...
À propos
Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.
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