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Le Cafard muselé, 1 novembre 1917

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Le Cafard muselé
1 novembre 1917


Extrait du journal

« L’homme civilisé, —poursuit M. Edward J Bosworth (de I’Y. M. C. A), — en temps de guerre, prévoit avec un espoir indestructible, le jour où, quelque part, son ennemi et lui trouveront un terrain sur lequel ils pourront marcher côte à côte, vers ün but et dans une « entreprise » supérieurs. » Ceci n’est pas une assertion fantaisiste ; combien n’ont pas traversé les batailles sans haine? Ceux qui soignent les blessés savent que la haine ne règne pas parmi eux contre ceux quilles ont blessés. » Tout cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissions pas pleinement le fait que la guerre tend à développer la haine, et qu’il y a ceux qui essaient d’exploiter la haine dans le cœur des combattants, dans l’idée qu’ils seront-plus emportés par la haine ! Mais le bon soldat, soit dans le rang, soit parmi ceux qui commandent, ne descend jamais à ce niveau digne du ' sauvage ; il persiste à combattre l’envie de haïr son ennemi, tout en accomplis'sant son devoir en toute conscience. » N’est pas un véritable ami de l’Amérique, celui qui essaie de cultiver la haine dans les cœurs... L’instinct de la haine se tournera contre celui qui l’aura provoqué... Il le retrouvera après la guerre parmi tous les mécontents. Un homme dans lequel un tempérament déraisonnable aura été développé frappera le premier dont il se croira provoqué ou qui se trouvera dans son passage. » Il n’y a peut-être rien qui mérite davantage notre recon naissance envers le Président Wilson que les efforts qu’il a déployés pour affranchir la Nation américaine du sentiment’de haine. » L’homme civilisé idéaliste, en temps de guerre, veut baser son espoir dans un monde meilleur, en face de la mort. Il en est peu qui n’aient foi dans l’immortalité. Nos soldats comp tent dessus, l’immortalité à leurs yeux est normale, une réalité vitale. Une expérience domme celle de la guerre amène l’homme à considérer quelles idées sont réellement vitales et de pre mier ordre, lorsqu’on voit telle activité, telle intelligence, tel cœur vibrant encore hier, s’anéantir demain 1...

À propos

Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.

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Données de classification
  • europe
  • amérique