Extrait du journal
mière fois sur le sol immaculé de la terre, n’a pas cessé de nous parler : « il parle encore ». t Ce sang nous a laissé des enseignements précieux et féconds. Il a tenu aux générations successives un langage qu’elles ont compris et dont elles ont souvent profité. Il a proclamé la grandeur de la Justice, la force du Droit, l’es poir infini des réparations nécessaires, le triomphe futur de la Vérité, et le châtiment de tous les criminels. Ce langage éloquent n’a rien perdu de sa force jusqu’à présent, il se fait toujours entendre aux oreilles attentives ded’Humanitô, — il a conservé sa vertu éducative et sa puis sance morale. Il n’est pas le seul; d’ailleurs, qui ait pu ainsi parler à nos âmps... i Tous ceux qui ont donné lepr vie pour le bien, le bonheub et l’affranchissement d’autrui, ou pour le maintien et l’affer missement de la Vérité sur la terre, ont été, eux aussi, dès prédicateurs,de la Justice. — Du haut d’une tribune sainte,ils ont parlé à leurs frères, ils leur parlent encore avec force, et si nous voulohs les écouter, ils élèveront nos âmes"^ à des hauteurs insoupçonnées, ils les affranchiront de toute crainte, ,ils les rendront capables des entreprises les meilleure s... de toutes les audaces libératrices-. J’ai songé à tous ces morts glorieux qui, livrés aux entre prises criminelles d’une race impie, jalouse et haineuse, ont lutté pour l’affranchissement universel et sont tombés vic times der leur courage. M’approchant d’eux, j’ai écouté et il m’a semblé entendre leur appel frémissant; leur voix a retenti tout près' de mon cœur; ils m’ont parlé et m’ont chargé pour vous de leur message émouvant. Oui, quoique morts, ou plutôt, parce qu’ils sont morts, ils parlent encore ; ils parlent plus haut et plus fort que jamais, — et ce qu’ils nous disent, je vais vous le redire, avec émotion, avec piété, avec admiration. * Ce que nous enseignent nos glorieux morts, le voici : Ils nous apprennent tout d’abord qu’il y a des biens, plus précieux que la vie, parce que seuls, ils en fônt la valeur et l’ornement. Ces biens sont la dignité, l’honneur, la liberté. Ils constituent la parure de la vie humaine et sa suprême beauté. Quand on en est privé, la vie perd son éclat, sa force et son prix. Elle devient insupportable à l’hômme de cœur, elle est pour lui un pesant fardeau, une honte, et cer-...
À propos
Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.
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