Extrait du journal
Qu’est-ce que la saleté ? La soupe la plus appétissante n’est-elle pas considérée comme malpropre dès"qu’elle tombe sur la table ou sur nos vêtements ? Pourquoi? Parce que la soupe n’est pas faite pour cela. L’homme a tout naturellement un dégoût de la souillure, et un besoin instinctif de propreté. La pureté est, en effet, V or dre des choses : est propre, ce qui n’est" pas déplacé : est entaché ce qui entrave l’harmonie, ce qui la décompose. Rien ne nous fait plus plaisir qu’un bain, lorsque nous revenons des tranchées ! Quelle joie de pouvoir se nettoyer ! Il en est de même pour l’esprit. Et cependant, l’esprit — comme le corps —• s’habitue, petit à petit, aux choses qui le rebutaient d’abord. Il le faut bien 1 On en prend son parti. Ne nous arrivé-t-il pas de nous accoutumer tant à certainfes odeurs, qu’elles finissent même par nous manquer lorsque nous changeons de milieu? On raconte que les paysans des Vosges et de la Meuse sont émus lorsqu’on rentrant au pays, après une longue absence, ils en sentent de nouveau le fumet typique. Certains prétendent que la présence de tas de fumier près des habitations en assainit l’air ! ! ! Le fumier a son emploi ; ce qui dégrade, c’est de le laisser dans l’écurie, les bêtes s’en recouvrent. Rien n’est inutile, mais on doit utiliser tout comme il faut. Est inutile et répugnant, tout ce dont on se sert contraire ment à sa destination. La malpropreté engendre les maladies. Lorsque le cœur subit l’influence d’une atmosphère malsaine, il s’altère. L’esprit, pour son développement normal, réclame les mêmes soins que le corps. Qu’il se nourrisse donc d’aliments utiles, et qu’il rejette tout ce qui est contraire à sa destinée propre. Qu’il recherche le beau, le bon, le vrai, le juste, la virilité dans ce qu’elle a de sublime; cela se rencontre partout. Les mauvaises herbes sont ramassées et brûlées, leurs cendres servent à l’engrais des autres. Or, la qualité de la plante se reconnaît à son fruit. Cultivons notre champ aussi proprement que possible. Prenons à cœur d’agir, et d’agir honnêtement dans le bon...
À propos
Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.
En savoir plus Données de classification - homère
- jérémie
- amérique
- carthage
- meuse
- iva