Extrait du journal

Puisque cette chasse aux cadavres se généralise, qu’elle paraît entrer dans les convenances politi ques du gouvernement, il serait bondés aujourd’hui d’adopter une jurisprudence uniforme pour toute la France. Elle pourrait fscilement se résumer dans les arti cles suivans : Article 1er. — Les républicains seront enterrés dorénavant en un lieu séparé dont l’autorité fixera l’emplacement dans chaque localité. Ast. 2. — Les enterremens de républicains ne pourront avoir lieu que la nuit. Art. 3. — Des parens jusqu’au deuxième degré exclusivement pourront seuls assister aux convois de républicains. Art. 4».—Il est expressément défendu d’élever des tombeaux aux républicains, ni aucun emblème, ni aucun signe extérieur qui puisse servir à les faire reconnaître. Art. 5 —Les gens qui se trouveraient la nuit sur le passage du convoi d’un républicain sont autorisés à lever leur chapeau, s’ils le jugent convenable ; on ne les poursuivra pas en raison de ce fait. Mais tout individu pris en flagrant délit d’oraison funèbre, sera immédiatement déféré aux tribunaux et poursuivis comme prévenu d’outrage à la mo rale publique. C’est en effet outrager la morale que d’accoler les titres de bon père, de bon époux, de b3n citoyen au nom d’un républicain. Au moins on saura à quoi s’en tenir, et on ne verra plus, comme cela vient de se faire à Lyon et à Montpellier, une armée entière mise sur pied pour combattre un cadavre. 11 serait convenable aussi que le gouvernement se prononçât sur les questions suivantes : l’eut-on porter le deuil d’un républicain ? Les regrets qu’on lui accorde ne sont-ils pas une espèce d’appel à la guerre civile? Est-il permis de faire son éloge dans un journal san9 se rendre coupable également d’outrage à la morale publique ? Le portrait, le buste, la statuette d’un républi cain sont-ils des objets qu’on puisse conserver chez soi ? Ne les assimilera-t-on pas à des armes de guerre? Il ne faut pas que, faute d’une jurisprudence bien définie, les citoyens soient exposés à commettre des délits et à figurer sur les bancs de la cour d’assises. On nous annonce que M. Léon Faucher s’occupe...