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Le Charivari, 2 mai 1851

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Le Charivari
2 mai 1851


Extrait du journal

— Pas du tout. — C’est singulier, j’avais cru l’entendre et même quelques coups de fusil. — A propos de quoi voulez-vous que l’on tire des coups de fusils et que l’on batte le rappel? — A propos de l’émeute du 4 mai. Il n’y aurait rien d’impossible à ce qu’elle commençât aujour d’hui. — Que diable me chantez-vous avec votre émeute du 4 mai? — Je ne chante rien du tout, pas même la Mar seillaise ; je laisse cet hymne aux émeu tiers ; mais vous ne savez donc rien de ce qui se passe ? — Absolument rien. — Vous n’avez pas lu le Constitutionnel, la Pa trie, T Ordre, le Journal des Débats? — Je ne les lis jamais. — Alors il n’est pas étonnant que vous soyez si peu au courant des projets du parti démagogique. Ces journaux que je citais tout à l’heure sont les seuls et véritables moniteurs de la démagogie; ils reçoivent ses confidences, ils connaissent tous ses secrets ; ils sont en mesure d’annoncer quinze jours à l’avance l’heure de ses réunions secrètes et le mo ment fixé pour ses prises d’armes. Une réunion de démagogues n’a pas lieu dans les catacombes ou les carrières Montmartre, sans que le président de la réunion et les membres du bureau envoient une lettre d’invitation au père Bertin , à M. Chambolle et au docteur Véron. C’est ce qui explique pourquoi ces messieurs sont d’ordinaire si bien renseignés. Avant peu on lira dans les Débats ou dans le Con stitutionnel des notes ainsi conçues : « Le sieur Cocambo, démagogue, fait savoir à ses amis que l’on se réunira tel jour et à telle heure*, sous les ponts, pour s’entendre sur la prochaine prise d’armes. Tous les gredins de Paris sont priés de considérer le présent avis comme une lettre de convocation personnelle. » Voilà comment, grâce à cette bizarre manie qu’ont les démagogues d’envoyer leurs communications justement aux journaux de l’ordre, toutes leurs ma chinations sont connues d'avance et déjouées sans peine. Espérons qu’il en sera de même de l’émeute de dimanche. — Vous y croyez donc ? — Puisque le Constitutionnel l’annonce. — Et quel intérêt voulez-vous qu’aient les déma gogues à s’insurger dimanche prochain 4 mai?...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • maréchal de france
  • véron
  • bertin
  • chambolle
  • bonaparte
  • paris
  • montmartre