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Le Charivari, 2 décembre 1832

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Le Charivari
2 décembre 1832


Extrait du journal

! travier dans ses goûts les plus honorables, dans scs sentimens les plus nobles, dans ses affections les plus tendres. Il fit plus encore il la battit; oui, le monstre, il la battit!ali ! fautil qu’un homme Il la battit jusqu’au sang ! Pauvre femme ! Vous sentez bien que, les choses étant ainsi, la malheureuse ne tarda point de le haïr. Elle gémit, puis murmura, puis éclata. Malheureusement, chaque fois que cela lui arrivait, M. Cassette reprenait son air doux^et câlin, il reclignait des yeux, il reparlait amour, fidélité, constance, tant et si bien, que la pauvre femme, ne sachant pas encore sur quel autre fixer son choix, et s’effrayant à la seule pensée de redevenir maîtresse absolue d’elle-même, lui pardonnait ses torts et lui donnait la préférence, faute d’aucun autre. Et bref, elle continuait de vivre avec lui, quoiqu’elle eût cessé de l’aimer ; comme on vit avec un vésicatoire pour s’éviter, pense-t-on, de plus grands maux encore. Tant de fois , cependant, M. Cassette avait trahi ses pro messes, que, ma foi! le jour vint où sa victime n’y crut plus. Force lui fut donc d’attaquer autrement sa sensibilité. M. Cassette voulut se rendre intéressant ; et M. Cassette se rendit intéressant. « Je connais les femmes, se dit-il, et je je suis bien certain que si j’étais assassiné, plus ou moins, la belle se reprendrait de belle passion pour moi, ne fùt-ce que par pitié. » Ce fut sans doute l’attentat horrible du Pont-Royal qui lui inspira cette ingénieuse idée. Il fit venir un gredin : — Que voulez-vous?— Je veux que tu m’assassines. — Pourquoi ?" — Pour me rendre intéressant.—-Soit! Est-ce au bâton comme au mois de juillet, ou à l’épée comme au pont d’Ar cole ? —Du tout ; le bâton et l’épée sont trop malsains ; c’est au pistolet. — Je vois votre affaire. •—C’est possible. Com bien veux-tu ? —• Cent sous. —Cent sous ! tu te moqués pas mal du monde, avec tes cent sous ! on se ferait guérir pour ce prix-là. Ecoute, je te donne un petit écu. — Ce n’est pas assez. On me donne quelquefois autant pour aller jeter un c!:at à la rivière. —A la bonne heure; mais songe donc que je ne suis pas riche, que d’ailleurs tu n’auras pas de balle à fournir, et qu’enfin je te donne ma pratique. —Allons, soit. Je n’aime pas à marchander; mais vraiment, c’est pour rien ! La concurrence a gâté le métier ! Ab çà ! du moins vous m’assurez qu’il n’y a pas de danger ? Je ne serai ni échai ppé, ni déchiqueténi mis en pièces ?—Sois tranquille. Adieu ,...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • cassette
  • cil
  • philipon
  • etranger
  • iam
  • aubert