PRÉCÉDENT

Le Charivari, 2 janvier 1860

SUIVANT

URL invalide

Le Charivari
2 janvier 1860


Extrait du journal

Du boulevard des Italiens, dimanche 1er janvier 1860. Monsieur le rédacteur, Je ne suis pas superstitieux, sans pourtant mépriser ta chiromancie de Desbarolles, qui est si fort à la mode cet hiver. Un boursier de mes amis était venu me prier d'exa miner sa main et j’y avais lu couramment la dégringo lade à laquelle nous venons d’assister. Celte dégringolade, qui est venue confirmer toutes mes prévisions, chiromancie à part, n’a pas même attendu la liquidation pour se produire, et il a suffi du plus léger prétexte pour que la baisse prît de grandes proportions. La rente a fait jeudi, après la bourse, 68 60; c’est pres que 2 fr. de baisse d’une semaine à l’autre. Tartufe à la Bourse. Vous rencontrerez çà et là de braves gens qui vous di ront que c’est la lettre de M. Dupanloup qui a donné le branle à la baisse. N’en croyez rien. Ces gens-là vou draient vous faire croire que la Bourse est orthodoxe, ca tholique et apostolique comme sa majesté l’empereur d’Autriche. Au fond elle ne s’occupe que de théologie financière. Voici pourtant ce qu’on m’a assuré : On a vu apparaître à la Bourse cet excellent Tartufe avec ses gros yeux levés vers le ciel. — Eh! cher Tartufe, lui a-t-on dit, que venez-vous donc faire dans ce lieu profane? — Des intérêts sacrés m’y appellent. — Enfin vous venez spéculer. — Dieu m’en préserve 1 Les biens de la terre ne m’im portent guère, car vous connaissez notre devise : Du pain noir et les catacombes! Mais il a plu à la providence de remettre entre mes mains des biens qui appartiennent aux pauvres et à la conservation desquels je dois veiller. — Et ces biens sont sous forme de renies ? — Ilélas 1 c’est la vérité. — Et vous venez venare ou acheter ? — Je viens vendre. Il ne faut pas que ces valeurs saintes soient dépréciées entre mes mains. Nous sommes à la veille d’un cataclysme à cause de l’infernale brochure que vous savez. Mgr. Dupanloup prêche la croisade, une armée catholique va bientôt entrer en campagne ; de grands évènemens se préparent et toutes les valeurs vont tomber à zéro. C’est pourquoi je me hâte de mettre à l’abri le bien des pauvres. — En d’autres termes vous cherchez à produire la baisse, dans l’intérêt d’un gouvernement étranger. — Dites, monsieur, dans l’intérêt du ciel... Mais souf frez que je vous quitte. Un devoir pieux m’appelle làhaut, auprès de la corbeille des agens de change. La vérité vraie sur la baisse. Tartufe a eu beau faire cependant, ce n’est pas lui qui a déterminé la baisse quoiqu’il s’y soit employé de son mieux. La position delà place était déjà assez grave, ainsi que celle de notre ami le maréchal-général des primes qui, vous ne l’ignorez pas, avait sur les bras un assez lourd paquet. Ce bon maréchal comptait un peu sur la p\ace Vendôme pour soutenir les cours, mais celle-ci une fois son bilan arrêté, l’a lâché, et depuis plusieurs...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

En savoir plus
Données de classification
  • dupanloup
  • viennet
  • wertheimber
  • richelieu
  • bartholony
  • clément caraguel
  • godot
  • france
  • vendôme
  • autriche
  • crédit foncier
  • orléans
  • compagnie maritime