Extrait du journal

La vérité vraie et la vérité de convention. La vérité de convention est celle qu’à un moment donné il est de bon goût d’admettre comme une vérité vraie, du moment où l’on vous en fournit un prétexte plausible. Ainsi, qu’avez-vous besoin de savoir si la Romagne sera oui ou non rendue au saint-siège ? On vous dit : personne ne touchera au pouvoir temporel du pape, cela vous suffit. Je suppose que par la force des choses la séparation accidentelle de la Romagne soit définitivement consacrée, un homme d’esprit doit tenir ce raisonne ment : — Le saint-siège a perdu la Romagne, c’est vrai, mais du moment où l’on m’a assuré que cela pouvait se faire sans que le pouvoir temporel en fût diminué, je dois croire qu’il en est ainsi. Raisonner autrement c’est faire tort à votre bon sens et à votre intelligence. Ainsi parle M. Granier de Cassagnac. Je ne sais si vous ètv.s comme moi, mais j’admire ce moraliste faisant un cours public d’hypocrisie. 11 y quelque chose de plus amusant encore dans son article, c’est sa façon de vanter les vues libérales de la cour romaine et d’énumérer les réformes « spontanément données par Pie IX. » Ici il faut le citer textuellement. « Qui ne sait que sous son règne la ville de Rome a été éclairée au gaz et que les chemins de fer des Etats romains ont été concédés et en partie mis en exploita tion? » L’énumération s’arrête là, et M. Granier de Cassagnac lui-même ne trouve pas autre chose. Où sont après cela les malintentionnés qui oseront encore venir parler de tendances rétrogrades du gouver nement pontifical ? Les Etats Romains sont en passe d’avoir un chemin de fer ! Bien plus, Rome est enfin éclairée au gaz 1 Ce mot dit tout. Quoi ! Rome a rompu avec l’antique réverbère! Elle a audacieusement relégué l’éclairage à l’huile dans les catacombes du passé ! Elle s’est lancée dans le courant de la civilisation moderne au point d’ar borer le bec de gaz ! 11 est vrai que malgré cela on dé valise les gens à main armée dans les rues, à six heures du soir, mais c’est une vieille tradition du temps des réverbères. En vérité si l’on peut être dans ce panégyrique du gouvernement temporel plus bouffon que M. Granier de Cassagnac, je me charge de l’aller dire à Rome. Clément Caraguel. , n i UN JOUR SANS PAIN. Entre autres qualités négatives la solennité du nouvel an a la mauvaise habitude de supprimer pour un jour au Français né curieux les feuilles chargées de lui apprendre quotidiennement les évènemens qui sont arrivés ou mê me ne sont pas arrivés aux quatre points cardinaux entre un lever et un coucher de soleil. On dit long comme un jour sans fin, on pourrait dire triste comme un jour sans journal. Les fêtes assez carrillonnées pour que les imprimeurs jugent à propos de fermer leurs ateliers, ont pour l’abonné des lendemains terribles. Entendre sonner huit heures du matin et ne...