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Le Charivari, 3 mars 1834

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Le Charivari
3 mars 1834


Extrait du journal

,v JOURNAL PUBLIANT CHAQUE LITTÉRATURE. DEUX RÉPUTATIONS. Scènes de la vie positive , par Stanislas Macaire, auteur de la Lingere, le Chiffonnier, etc. 2 vol. in-8. Chez Souverain, éditeur. Après le plaisir de louer le mérite d’un livre nouveau, plaisir rare par la littérature qui règne, le Charivari a tou jours mis au rang de ses devoirs les plus sérieux, l’obliga tion de rendre hommage à la louable intention d’un auteur qui essaie de dramatiser, au profit des intelligences vulgaires, certaines vérités, qui, pour être très simples et très claires , ne sont pas toujours gaisissables sous les formes abstraites qu’elles ont revêtues dans les gros livres. Il y a là un fond de richesses morales et intellectuelles qui dort inutile, et qui, périodiquement transporté par des mains habiles, retrouve ra sa valeur, et produira sans cesse de nouveaux fruits. D’ailleurs les conquêtes nouvelles sont des bonnes fortunes si rares qu’il est presque téméraire d’y aspirer, quand on peut employer mienx son temps, et faire plus sûrement du progrès en popularisant ce qui est bon et tout trouvé. Or, je le répète, quand nous trouvons un auteur assez modeste pour se borner à cette tâche, moins brillante qu’utile, indé pendamment du talent littéraire qu’il peut avoir, et dont nous sommes toujours prêts à lui tenir compte, nous lui sa vons gré de tout le bien qu’il a voulu faire. Deux réputations sont un livre qui paraît inspiré par le désir d’instruire les masses, de les moraliser, dans la plus large acception du mot ; c’est-à-dire, de les saisir d’une idée utile et puissante ; car, pour ce qui est de les moraliser com me on l’entend vulgairement, c’est un effet que M. Stanislas Macaire ne peut malheureusement pas produire , attendu que pour mettre mieux ses leçons à la portée de ses lecteurs, il les a, malgré lui souvent, rendues claires et matérielles jus qu’au leste. Cette considération, qui est capitale ici, réduit, bien mal gré moi, les louanges que je réservais à la généreuse et phi losophique intention de l'auteur. L’estime toute particulière que je fais de son talent ne me permet pas de lui épargner un avertissement dont je le crois homme à profiter : c’est que l’esprit ne se compromet pas impunément avec la forme, et qu’on manque le but, pour ne rien dire de pire, si, ce qu’on édifie par l’un, ou le ruine par l’autre, à l’exemple de certains prédicateurs indiscrets. Sans doute, les classes pour lesquelles M. Macaire a écrit, ont besoin qu’on leur peigne les choses, mais non les choses qui sont mauvaises à peindre; et d’ailleurs, en tout état de cause, le genre de pittoresque auquel je fais allusion, ne saurait trouver grâce aux yeux du Charivari, journal d’audace politique, mais de pruderie littéraire. Que M. Stanislas Macaire y réfléchisse, et il sera le premier sans doute à condamner ces hardiesses de forme, qui gâtent...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • macaire
  • grenoble
  • savoie
  • chambéry