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Le Charivari, 3 octobre 1844

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Le Charivari
3 octobre 1844


Extrait du journal

tionnaires publics se moquent le plus. La loi est,en tre les mains du Pouvoir, une sorte de lanterne sour de qui lui permet de voir autour de lui tous les dé lits, sans permettre d’apercevoir la moindre contra vention sur lui-même. Les électeurs se sont adressés à la cour royale de Rennes, et cette compagnie leur [a répondu par un arrêt :*« Je ne puis nier que vous ne soyez électeurs, puisque vous payez deux cents francs, et que vous n’ayez droit, au premier aspect, de l’être à Savenay, puisque vous y acquittez une partie de ces deux cents francs. Mais, au second aspect, je m’aperçois que vous ne payez, à Savenay, que quelques centimes, ce qui est bien peu ; toutefois, comme la loi ne dit pas qu’il faut payer, plus ou moins, mais seulement qu’il faut payer quelque chose, je serais forcé d’or donner votre inscription, si je ne remarquais, au troisième aspect, que vous n’êtes pas, à tout pren dre, des propriétaires sérieux. Vous avez acheté, mais vous avez acheté pour rire. Comment serait-il possi ble que des gens richissimes comme vous eussent voulu sérieusement acquérir, à Savenay, un quartier de terre grand comme un mouchoir de poche? Cela est, mais cela ne peut pas être. Il y a un acte, mais c’est une apparence d’acte; le notaire y a passé, mais c’est une ombre de notaire. Bref, vous avez acheté sans qu’il y ait achat, et vous n’êtes pas propriétaires, quoique vous le soyez. Allez vous promener. » Voilà, il faut en convenir, une jurisprudence tout à fait digne d’être née sur les bords de la Vilaine ! MM. Laurence et autres n’ont plus qu’à remettre en poche leur proposition tendante à empêcher par la loi ce que les électeurs en question ont fait, preuve que la loi permet de le faire. Voici la magistrature qui se met à corriger elle-même la législation, bien que la loi ne soit pas, en cette circonstance, ce qui aurait le plus besoin d’être corrigé. La loi dit : « Vous serez électeur où vous vou drez, pourvu que vous y payiez une portion quel conque de deux cents francs d’impôt. » La magistra ture ajoute : « Halte-là ! vous payez trop peu pour être électeur en ce lieu-ci ;—vous ne payez pas assez sérieusement pour être électeur en cet autre lieu;— allez vous faire... électeurs ailleurs.» On est propriétaire au vœu de la loi; cette pro priété est constatée par un acte notarié, toujours au vœu delà loi. Eh bien> pour passer par-dessus, on va jusqu’à déclarer l’acte frauduleux, et cela à la re quête d’un préfet qui n’a, à l’existence de cet acte, qu’un intérêt de circonstance. Mais ou l’acte est réel lement frauduleux, ou il ne l’est pas :—s’il ne l’est pas, pourquoi refuser l’inscription ?—s’il l’est, il est déclaré implicitement nul. Or, comprend-on la nulli té d’un acte de vente, prononcée vis-à-vis d’un pré fet, en l’absence du vendeur, du fermier, des tiers intéressés ! Car si cet acte est nul vis-à-vis du préfet, il est...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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