Extrait du journal

Nous vivons depuis quelques jours dans une atmosphère de guerre civile. La grande lutte de juillet, au milieu de laquelle l’établissement du 7 août ne fut qu’une trêve déguisée, sem ble vouloir se renouer plus opiniâtre et plus implacable que jamais. Violant avec une audace sans exemple les franchises de la presse conquises par les progrès de la raison publique et consacrées par une révolution, des insensés ont osé porter atteinte à ce droit des gens politique dont notre amour de l’égalité les a laissés user eux-mêmes si largement. Ils ont fait sans se compter, les iinprudens, un appel brutal à la force. Ce n’est pas notre opinion qui reculera jamais ; ses adversaires ont appris, par une cruelle expérience, qu’elle a toujours le front haut et le bras fort ! Aussi bien, pour la révolution de juillet, notre glorieuse tille, c’est déjà trop de deux ennemis. C’est bien assez que notre franchise d’hommes simples et notre bonhomie de dupes l’aient compromise à son berceau. Protégeons-la du moins contre d’audacieuses attaques, maintenant qu’elle est devenue adulte malgré les langes et les lisières dont on a com primé sa croissance. Puisque l’occasion nous est offerte, protégeons-là : nous aurons ensuite meilleur marché de l’en nemi secret, des tartuffes et des faux-frères. Voilà donc le résultat des lâches condescendances, des prédilections cachées et des tendances qui naguère se sont révélées à la tribune. Ils s’étonnent aujourd’hui, là-haut, que leurs imprudentes paroles, que leur coupable conduite, aient un pareil retentissement! Eh ! messieurs, votre éton nement n’est qu’une dérision amère, une comédie à faire hausser les épaules. Pouvez-vous être à bon droit surpris qu’on veuille sanctionner par le sabre une prétention d’invio labilité dont vous avez été vous-mêmes les champions les plus infatigables? Qu’est-ce que la démarche inconsidérée et brutale, cause de cette inévitable collision, sinon l’applica tion de fait de vos ignobles théories sur l’inviolabilité politi que et légale de ceux qui sont ou qui ont été rois. Quand une haute question révolutionnaire, née d’un événement que vous appeliez vous-même décisif, vous a mis face à face avec Juillet, quels ont été vos adversaires? Les Berryer, les Char-...