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Le Charivari, 6 janvier 1865

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Le Charivari
6 janvier 1865


Extrait du journal

BULLETIN. On s’accorde à prêter une importance exceptionnelle à la nomination du prince Napoléon aux fonctions de vice-président du conseil privé. Les circonstances au milieu desquelles cette nomination s’est produite jus tifient en effet jusqu’à un certain point les conjectures de ceux qui la considèrent comme un présage de réfor mes libérales. On va même jusqu’à dire qu’un projet concernant l’instruction obligatoire serait prochaine ment soumis aux délibérations du conseil privé. C’est aller un peu loin, d’autant plus que l’adoption du sys tème de l’instruction obligatoire ne pourrait être une mesure isolée et supposerait naturellement la gratuité de l’instruction. Au surplus sans désespérer aussi facilement que l’a mant de la belle Philis, nous avons vu si souvent de belles promesses s’en aller en fumée, qu’il nous sem ble prudent de ne compter absolument que sur ce qui se voit et se touche du doigt; c’est le meilleur moyen d’éviter des mécomptes. Il y a toutefois dans la ques tion qui nous occupe un fait positif, c’est que le prince Napoléon n’est point très tendre aux prétentions cléri cales ; aussi sa nomination est-elle considérée généra lement comme une réponse à l’encvclique. C’est une démonstration menaçante assurément, mais rien ne prouve encore que le gouvernement veuille aller au-delà d’une simple démonstration. En tout cas, nous saurons bientôt ce qu’il faut en penser. A propos des bruits qui courent, voici M. Thiers sur la sellette. On dit qu’avant l’encyclique son intention était de défendre le pouvoir temporel au corps législa tif, mais qu’il y avait renoncé après, et qu’en fin ser monné et séduit par un jésuite très retors il serait re venu à son premier projet. Quels argumens peut donc avoir employés le révérend père pour retourner ainsi les idées de M. Thiers ? Les jésuites sont sans aucun doute des gens fort habiles, mais d’un autre côté M. Thiers est un esprit trop délié et trop fin pour se laisser en guirlander aisément. Nous doutons fort qu’il voulût compromettre, en se faisant l’avocat d’une cause si jus tement condamnée par le sentiment public, sa popu larité de vieille date retrempée tout récemment dans ses succès oratoires de la dernière session, et nous hésitons à croire qu’il y ait au monde un jésuite assez fin pour lui jouer un pareil tour. Tout est possible cependant, et l’on a déjà vu plus d’un renard pris au piège. Le Monde se livre ce matin à des commentaires très ingénieux sur l’eucyclique. Ce document a été, selon M. Coquille, très mal compris ; il ne condamne rien de ce qu’il paraît condamner, il est au contraire on ne peut plus inoffensif et même bénin, bénin, ajoute M. Coquille avec l’accent de l’apothicaire Fleurant. C’est grand dom mage que le Monde ne soit pas illustré, le geste y serait sans doute avec l’accent. Tout le malentendu vient de l’arrogance des journalistes et des gens du monde qui se mêlent de parler de choses auxquelles ils n’enten dent pas un mot. Ces gens du monde et ces journalistes libres-penseurs jouent de malheur en vérité ; ils ont eu la mauvaise chance de venir au monde un peu tard, après que tout ce qu’il pouvait y avoir d’esprit et de science sur la terre eut été accaparé par les cléricaux. Les correspondances de Rome annoncent que M. Veuillot se frotte les mains de la mésaventure deM. de...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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