Extrait du journal

BULLETIN. La Patrie annonce que l’empereur a écrit au prince Lucien Murat une lettre qui désapprouve son manifeste. Il est fâcheux qu’elle ne donne pas le texte même de la lettre impériale, mais peut-être cette publication n’estelle qu’ajournée. Ainsi tombe en attendant le bruit selon lequel les prétentions du prince Murat au trône de Naples auraient obtenu l'assentiment du gouvernement français. Il est probable que le fameux duc de Trois-Étoiles va désormais garder l’incognito plus que jamais, léguant ainsi à l’histoire un mystère presque aussi intéressant que celui du masque de fer. Le parlement italien continue de discuter assez chau dement la question de Naples et de Sicile. Garibaldi, re tenu chez lui par une indisposition, n’a pu jusqu’ici as sister aux séances, mais on attend l’arrivée de Liborio Romano qui doit prêter serment en entrant au parlement. On se demande à qui et à quoi ce personnage pourra prêter serment.' Ce n’est pas à l’unité italienne puisqu’il n’en veut pas. Ce n’est pas non plus à Victor-Emmanuel, puisqu’il veut le remplacer par le prince Murat. Je ne vois donc pas ce que M. Liborio Romano pourra raisonnablement et honnêtement jurer, et sans doute il doit se trouver à cette heure dans un certain embarrasAprès ça, quand on est si fantaisiste 1 Il parait que les Autrichiens viennent d’inventer pour la défense de leurs côtes de l’Adriatique une machine in fernale si effrayante qu’il suffit d’en entendre parler pour avoir la chair de poule. C’est une machine sous-marine; on la plonge au fond de l’eau comme un simple câble électrique, et quand un vaisseau passe dessus son compte est bon. On l’a essayée tout près de Trieste, et le navire sacrifié pour cette expérience a été lancé si haut dans les airs par l’explosion qu’il n’était pas encore redescendu au moment du départ du courrier. On pense qu’il ne re tombera qu’en menus morceaux. Mais quand’’ Voilà la question. Ceci rappelle assez les dragons cornus que les Chinois font peindre sur leurs drapeaux pour effrayer l’ennemi, et l’on sait combien cette malicieuse précaution leur a dernièrement réussi. La machine infernale autrichienne pourrait bien avoir le même succès. Le philosophe moraliste auquel nous devons les livres du Devoir, de la Religion naturelle, de la Liberté de Conscience, etc,, etc., M. Jules Simon, vient de publier un ouvrage nouveau intitulé : l'Ouvrière. Il abandonne cette fois la théorie pure pour faire une excursion sur le terrain de la morale pratique; il emmène le lecteur dans l’atelier, ce sanctuaire de l’industrie, où s’étalent tant de misères et de souffrances. Le livre de l’Ouvrière est la conclusion pratique et comme la contre-épreuve du Devoir. M. Jules Simon a nais à profit ses études variées et profondes et son talent exceptionnel d'élucidation et d’exposition pour rendre accessible à tous les esprits la description de certains des procédés industriels auxquels s’applique le travail des femmes. Il a visité personnellement toutes les contrées manu facturières de la France; il a étudié l'ouvrier dans ses ate liers, dans ses demeures, dans les lieux où il va chercher le plaisir et où le plus souvent il ne trouve que l’ivresse...