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Le Charivari, 8 avril 1861

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Le Charivari
8 avril 1861


Extrait du journal

Une visite domiciliaire. Quant à la chambre syndicale, elle se garderait bien de rien changer à un règlement qui lui donne des pou voirs si extraordinaires dont elle use quelquefois jusqu’à l’abus. Il est fâcheux en vérité qu’on ne puisse pas la déférer au conseil d’État comme un simple mandement d’évèque. Voulez-vous un exemple du fait? En vertu de ce même règlement, la chambre syndicale a fait le lendemain de la liquidation de la rente une visite domiciliaire chez quelques agens pour examiner leurs livres. Il s’agissait de savoir s’il y avait un agent coupable d’avoir fait un report au pair sur la rente, con travention prévue par le règlement quand le pair n’a pas été coté. 11 paraîtrait que l’on n’a rien trouvé et que l’agent coupable, slil y en a un, a pu s’écrier, comme dans les mélodrames de M. Dennery : Sauvé! merci, mon dieu ! En attendant l’honorable M. Coir* et les autres membres de la chambre ont pu voir sur les livres la position de telle ou telle maison. Loin de moi la pensée de dire que l’honorable syndic et ses collègues soient gens à abuser le moins du monde d’un secret dont la découverte est la conséquence fatale d’un règlement qui donne des pouvoirs si exhorbitans; mais enfin une indiscrétion est bien vite commise, il suf fit d’un mot souvent involontaire, et le spéculateur qui ne voulait pas que l’on sût s’il était à la hausse ou à la baisse, voit sa position mise au jour. Je suppose par exemple que l’on vienne dire à M. de Rothschild : — Monsieur le baron, on sait à n’en pou voir douter que vous êtes vendeur de 300,000 chez tel agent, de 150,000 chez tel autre, etc., etc. : — Tarteifle ! s’écrierait le baron, il n’y a plus moyen de faire des af faires si le secret n’est pas mieux gardé que cela 1 Et M. le baron aurait raison, comme le brigadier de Pandore. Il est donc grand temps que le règlement qui régit la Bourse soit modifié de fond en comble, car les pouvoirs de la chambre syndicale sont excessifs et, loin de les at ténuer, elle se montre au contraire disposée à en user largement en toute occasion. Les incidens de la semaine. Premier incident. — Jeudi dernier, un télégramme de Londres annonçait que la Banque d’Angleterre avait ré duit son escompte à 6 0/0. Là dessus, voilà un spéculateur de ma connaissance, homme bien informé et qui reçoit tous les jours des dé pêches de Londres, qui prend feu. Il s’élance comme un lion pour faire acheter de la rente au cours de 67 70. Mais tout le monde savait déjà la nouvelle qui était le secret de Polichinelle et n'avait produii aucun effet. Notre homme en sera pour ses frais de courtage. Il n’y a que les hommes bien informés pour recevoir do ces tuiles sur le chapeau. Deuxième incident. — Le tribunal do commerce a pro noncé la dissolution de la société de la Caisse des chemins de fer et a nommé deux liquidateurs, MM. Bordeux et Richardière. Voilà donc ce grand établissement financier qui pendant;iiuit ans a tant fait parler de lui qui disparaît. Ainsi la rue Richelieu n’existe plus pour la bourse, qui devra \ certainement la regretter, car on calcule que dans le |...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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