Extrait du journal

Les deux batteries tiendront garnison dans la ville, et l’on sait qu’à cause des dépenses qu’elle nécessite unegarnison est toujours une source de richesse. Les soldats mangent du pain et boivent du vin, les che vaux consomment du foin et de l’avoine, et par suite le citadin fait ses orges. Cette cité doit donc de la reconnaissance à qui lui procure une si bonne aubaine, et un mandat électo ral est la monnaie courante en quoi s’acquittent ces sortes de reconnaissances. Voilà comment les batteries du troisième, après avoir établi la tranchée devant la conscience des élec teurs de Pont-à-Mousson, ouvriront la brèche et per mettront à leur honorable colonel de monter à l’as saut et de placer sur le scrutin son drapeau victo rieux. Il espère ainsi être nommé député à la majorité de quelques litres à six sous et de pas mal de bottes de foin. C’est bien le moins qu’on voie pencher la balance en sa faveur, lorsqu’on peut mettre dans son plateau le poids d’une douzaine de canons. Vous le voyez, le régiment d’artillerie a exécuté en cette circonstance une manœuvre électorale. Que le pouvoir vienne dire après cela qu’il ne fait pas jouer, pour enlever les élections, toutes sortes de batteries ! Voici que les pièces de campagnes viennent en ai de aux pièces de cent sous. Toutefois on dit que M. le colonel en sera pour le déplacement de ses artilleurs. Dans la ville des choux, il fera chou blanc. Vienne la dissolution et une boule noire opposante pourrait bien remplacer, dans l’urne du Palais-Bour bon, l’inamovible boulet blanc de M. le député colo nel d'artillerie....