Extrait du journal
Devant le souffle de cette réprobation universelle, M. Duchàtel vient étaler, en guise de paravent, sa responsabilité, qui n’existe que dans la charte, c’està-dire qui n’existe pas du tout. Cela rappelle la bon ne facétie d’Odry, qui, dans la prison de Mathurin Bruno, sentant un vent coulis, s’écriait : « Il y a du vent : geôlier, fermez cette grille. » Abus du pouvoir ministériel. Puis le même M. Duchàtel conteste à la chambre le droit de s’occuper de la conduite d'un fonction naire public, dont la nomination et la révocation appartiennent au roi. C’est aux ministres qu’il faut s’en prendre si cette prérogative est mal exercée. Or, nous venons de le dire, les ministres n’offrent pas la moindre prise comme responsabilité judiciaire : ce sont des anguilles qui glissent dans toutes les mains, excepté dans cellc^ des révolutions, t Abus de la prérogative royale. Nous ne voulons rappeler aucun des faits qui ont servi de base à des accusations précises en dehors des démérites de M. Jourdan en tant que préfet ; mais il faut bien parler du terrible arrêt de la cour royale de Bastia, qui déclarait que l’autorisation se rait demandée au conseil d’État de comprendre le préfet dans une poursuite de concussion et de faux. « Cela ne signifie rien, » dit le ministre. Il est cer tain que cela ne prouve pas la culpabilité ; mais il faut bien dire aussi que l’autorisation demandée par la cour au conseil d’État, n'était pas motivée par une conviction ardente de l’innocence de M. Jourdan, et n'avait pas pour but de fournir à Injustice une occa sion de le couronner rosière. M. Duchàtel triomphe de ce que le conseil d’État n’a pas donné l’autorisation reclamée. Eh, mon Dieu ! quoi qu’il faille penser au fond, ce n’est qu’un abus de plus. Si l'intervention de la justice adminis trative devait jamais gêner le cours de la justice or dinaire, de la justice nationale, il faudrait que ce fût pour les simples citoyens plutôt que pour les fonctionnaires, qui sont déjà suffisamment protégés par leur influence et leur titre. Il vaudrait mieux que ce ne fût pour personne. En définitive, la Corse conservera M. Jourdan. Mais si ce préfet doit la quitter pour venir adminis trer ailleurs, je déclare que, sans vouloir le mal du prochain, j’aime encore mieux qu’il reste là-bas, car enfin c’est aussi loin que possible. Ah! si l’on éta blissait une préfecture aux îles Marquises! J’en reviens à dire que, si j’avais un fils qui mani festât quelque vocation pour l’art du dentiste, je lui conseillerais fort, comme chance de plus nombreuse clientèle, de s’adonner à l’extirpation des abus plutôt qu’à celle des canines, et de s’établir à Paris, siège du gouvernement doctrinaire, ou à Bastia, siège de M. Jourdan....
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - jourdan
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