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Le Charivari, 9 décembre 1864

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Le Charivari
9 décembre 1864


Extrait du journal

Le Moniteur tel qu’il est fait actuellement est loin de tenir la tête de la publicité. 11 compte cependant parmi ses rédacteurs littéraires des écrivains d’un esprit et d’un talent incontestables, mais sa partie politique n’a de valeur qu’au point de vue des documens officiels dont il a la primeur ; encore ces documens sont-ils repro duits quelques heures plus tard par les feuilles du soir. Que lui manque-t-il donc pour offrir le même intérêt que les autres journaux? La partie delà discussion et de la polémique, et elle lui manquera toujours, parce que l’Etat journaliste, c’est-à-dire polémiste et directeur, est quelque chose d’incompréhensible et d’impossible. Voilà pourquoi un journal officiel, tout en ayant son importance, ne sera jamais un journal populaire. Pour remédier à cet inconvénient, M. de Girardin propose une chose bien simple qui est de supprimer dans le Moniteur toute espèce de rédaction littéraire, autrement dit tout ce qui offre de l’intérêt au gros du public. Le Moniteur tel qu’il le conçoit ne contiendrait plus que la cote de la Bourse, les pièces officielles, les nominations de préfets, sous préfets, juges de paix, etc. Ali 1 vous ne trouvez pas l’ancien Moniteur officiel amusant? Eli bien, nous allons en retrancher le peu qui a le don de se faire lire. C’est de la médecine à la façon du docteur üiafoirus de Molière. Votre œil droit ne fonctionne pas très bien? Je vais vous crever l’œil gauche qui lui dérobe sa nourriture et votre œil droit s’en portera beaucoup mieux. Au moyen de celte réforme judicieuse, M. de Girardin assure que le Moni teur ne tarderait pas à compter trois cent mille abonnés. — Pourquoi justement trois cent mille? — Je l’ignore et M. de Girardin ne le sait pas plus que moi. — Eli bien, acceptons ce chiffrre de trois cent mille, qu’en résulterait-il ? — Il en résulterait que nous aurions enfin la publi cité organisée. — Bien, mais qu’entendez-vous par là? — Probablement que toutes les pièces officielles que contient le Moniteur parviendraient à la connaissance du public. — Mais il me semble qu’elles y parviennent déjà. Que ce soit directement par le Moniteur ou de seconde main par l’intermédiaire des autres journaux qui ne manquent jamais de les reproduire, peu importe, et ce n’est pas la publicité qui leur manque. ?A quoi rime donc la proposition de M. de Girardin ? — Elle prouve qu’il a des idées. — C’est juste ; une idée par jour ! Je l’avais oublié. Autre idée, autre proposition. M. de Girardin propose à l’Autriche de céder la Vé nétie à l’Italie moyennant une rançon de 500 millions. Ces 500 millions lui permettraient de se consacrer toute entière à la répression des tentatives insurrectionnelles de la Hongrie. Mais pourquoi l’Autriche garderait-elle la Hongrie plutôt que la Vénétie ou la Vénétie plutôt que la Hon grie ? La Hongrie ne veut pas de l’Autriche et la Vénétie n’en veut pas davantage. Quel droit l’Autriche a-t-elle sur l’une plutôt que-sur l’autre? M. de Girardin ne vous le dira pas parce qu’il l’i gnore. Il vous dira seulement que cette cession de la...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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