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Le Charivari, 9 décembre 1865

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Le Charivari
9 décembre 1865


Extrait du journal

Le débat engagé à l’occasion de la mutilation du Luxembourg est loin d’avoir dit son dernier mol. Chaque jour la population parisienne et, — on peut le dire,—la France entière se montrent plus émues du décret de novembre dernier. C’est de celte émotion que s’est faite l’écho une lettre pleine de mesure, de sens et de logique que M. Joanne, un des pétitionnaires, vient d’adresser au Constitution nel. Mais ce qu’il faut lire c’est la réplique erronée dont cette feuille a fait suivre la lettre en question. On se rait inexcusable de laisser passer ce monument de mal adresse officieuse sans en signaler toutes les bévues à l’admiration publique. Essayons de souligner tous les non-sens de la disser tation de M. Boniface, essayons de cuber ce gigantesque pavé de l’ours. Et d’abord M. Boniface commence par renouveler sa déclaration d’après laquelle le jardin sera réduit de 10 hectares seulement. Ce seulement-là est un poème. Rien que cela! dix hectares ! une misère ! « Ceci soit dit, proclame l’adorable dialecticien, pour rassurer les nombreux amateurs de ce jardin, en tète desquels nous nous plaçons. » Comment donc ! Si les amateurs ne se rassurent pas après cette fière déclaration, c’est qu’ils auront l’esprit bien mal fait. Vous avez une propriété. On vous en prend le tiers, et, d’après Boniface, cela doit vous combler de joie. Vous avez un tableau. L’encadreur s’avise de le ro gner. Vous protestez. Il vous répond : — Soyez heureux, je n’en ai enlevé que le quart ! Splendide ! splendide ! Et c’est là ce que M. Boniface appelle se placer à la lôte des amateurs. Sur quoi, tout orgueilleux de cette première bourde, il le prend sur le ton gouailleur et se gausse des gens « qui ont eu la naiveté de croire que le Luxembourg allait disparaitre jusqu'à son dernier vestige. » Combien l’ironie a d’àpropos, en vérité ! Quel tact! quel goût ! Le sujet est si comique ! On a généralement une telle envie d’en rire! Mais rien n’arrête Boniface quand l’inspiration le possède. Et son esprit étincelant nous traite de naïfs! Pas si naïfs, hélas! Car, si la théorie du Constitutionnel prévalait, qui nous garantirait que demain on ne nous prendrait pas le reste du jardin ? D’après M. Boniface, en effet « autre chose est de li miter un jardin, autre chose de l’aliéner. » Vous coupez Notre-Dame par une rue qui traverse la cathédrale. Vous ne l’aliénez pas, bonifacement par lant. Conception colossale ! Pourtant, il y a plus beau encore dans la réplique du polémiste qui se place à la tête des amateurs. Il y a la fin. Oh ! la fin ! Dégustons ! savourons ! « Si nous étions domicilié en province et que nous ne lussions que les journaux de l'opposition, nous au rions probablement cru à la destruction du jardin du Luxembourg que nous aimons. »...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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