Extrait du journal

« ?■ -aCCgJSc" — due impossibilité n’était qu’un artifice de langage em ployé pour enlever le vote de la majorité ; Ou M. Niel était convaincu de ce qu’il disait ; auquel cas, comme de par sa déclaration il lui est impossible sans ce million de bien gérer son ministère, il n’a plus qu’à céder son portefeuille à un autre. Il y a cependant plus fort encore dans l’attitude prise à la Chambre par M. le ministre de la guerre. C’est le passage où il eut l’air de brandir sur la tête du Corps lé gislatif cette démission qui nous semblerait exigée par la situation, et qn’il ne donnera probablement pas le moins du monde. « Je n’ai pas la prétention, s’est écrié M. Niel, em porté par le mécontentement, d’être un homme néces saire, les hommes ne manquent jamais dans notre pays ; mais quand j’ai accepté la mission d’organiser notre armée, mission que i’empereur m’a confiée et dans laquelle il me soutient, comment voulez-vous que je vienne à chaque instant discuter les chiffres et vous dire que vous me refusez ce que je crois néces saire ? » Pour le coup, le comment voulez-vous que je vienne à chaque instant... est le chef-d'œuvre du genre. En quoi donc M. le ministre de la guerre s’imaginet-il que consiste la discussion d’un budget? Croit-il donc qu’on se réunisse pour la forme dans une grande pièce où l’on respire un air sophistiqué; qu’une fois réunis dans cette grande pièce, les députés n’aient plus qu’à dire amen et à applaudir chaque fois qu’un ministre du gouvernement se mouche, tousse ou éter nue ? Comment veut-on que M. le ministre vienne à chaque instant donner les explications qu’on juge à propos d’exiger de lui ? Mais, mon dieu, comme cela tout simplement ; comme l’exigent la Constitution et les lois de notre pays au-dessus desquelles M. Niel n’est pas plus placé que les autres. Le vote en douze temps se démontrant par principes et s’exécutant disciplinairement, n’est, dieu merci, pas encore inventé. Le droit de discuter le budget étant donné aux représentans de la nation, le devoir est imposé aux mi nistres désignés à cet effet de se tenir à la disposition de ces élus du suffrage universel autant de fois qu’ils la jugeront nécessaire pour s’éclairer. M. Niel reste parfaitement maître d’ailleurs de se soustraire à ce décret-là, non pas par une démission hypothétique, mais par une démission réelle. La France n’est pas encore assez pauvre en hommes de guerre pour qu’il soit bien difficile de remplacer M. le maréchal, quelles que soient les capacités qu’on lui reconnaît et qu’il parait se reconnaître aussi. Pierre Véron. LIBRES PROPOS...