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Le Charivari, 10 septembre 1845

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Le Charivari
10 septembre 1845


Extrait du journal

l est bon de relever tous les manquemens , même les plus légers : petit péché finit par devenir gros, si l’indifférence publique lui prête vie. L’Opéra-Comique a fermé depuis deux jours ses portes pour aller chanter à Eu, et solenniser par une représen tation la visite de la reine d'Angleterre, qui, sans cela, n’eût pas été solennisée du tout. Nous avons en ce mo ment tant de princes qui voyagent,que la presse courtisanne a été obligée d’expé dier à leur suite tous les Larnac, tous les Cuvillier-Fleury tous les Trognon dont elle dispose. Il ne lui reste plus pour le voyage d’Eu que ses garçons de bureau ou ses portiers. Gomme les portiers et les garçons de bureau ont peu d’imaginative, à la place de ces récits d'enthou siasme populaire et de cérémonial monarchique qui ont rempli en d’autres temps les colonnes de la bonne presse, nous aurons, cette fois, grâce à Feydeau, des récits de spectacle. Ce ne sera qu’un changement de comédie. Mais revenons au relâche, car c’est à ce sujet que nous voulons nous permettre une petite observation. Qu’un théâtre aille en représentation à la cour, soit à Paris, soit dans les résidences royales, nous n’y voyons aucun inconvénient, et nous ne poussons pas le rigorisme jusqu’à traiter ce privilège d’abus monarchique. Mais l’abus existerait réellement, si la cour faisait son choix dans le répertoire du théâtre, de manière à le mettre dans la nécessité de fermer ses portes au public. Que la cour s’amuse et amuse ses hôtes, rien de mieux, c’est un compte à régler entre elle et le directeur ; mais que le public soit privé d’un spectacle pour les plaisirs ou les gracieusetés de la cour, ce n’est ni juste ni légal. Nous ne sommes us au temps où le service du public était inter rompu pour le service du roi. Le roi n’est que roi, le public est souverain. D’ailleurs ce qui se fait aujourd’hui pour la cour pourrait se faire demain pour un ministre, puis pour un ambassadeur, puis pour un banquier, enfin pour quiconque aurait de quoi se payer le plaisir d’un spectacle à domicile. Or s’il arrivait à l’Opéra-Comique de fermer sa porte— aujourd’hui parce qu’il est en représentation chez M. Duchûtel,— demain parce qu’il joue chez M. d’Appouy,—-après-demain, parce...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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