Extrait du journal

d’arbre y enfermait des mulots et excellait à les en graisser. La Fontaine était bon observateur, et cette ap titude spéciale dont il fait honneur aux oiseaux noc turnes doit tenir à une loi d’analogie que mon spirituel et savant ami Toussenel pourrait seul expliquer. La manie de la réglementation fait tous les jours de nouveaux progrès. Après le maire de Grenoble qui a inventé le baccalauréat-ès-cheminées à l’usage des ra moneurs, voici le préfet de la Corrèze qui publie un arrêté en trente-trois articles sur la police des cafés, cabarets, etc., etc. De ces trente-trois articles le plus curieux sans contredit est celui qui destitue la branche de houx ou de pin, arme parlante de l’antique auberge de province, pour lui substituer une enseigne dont les lettres devront avoir au moins dix centimètres de hau teur. J ai dit que cet article était le plus curieux de tous, j’ajouterai qu’il en est le plus important, et M. le préfet lui-même ne se doute pas, j’en suis sûr, de toutes les conséquences qu’il doit avoir. La branche de lioux ou de pin était une arme par lante, ou mieux une enseigne parlante dont le sens était parfaitement clair pour les plus illettrés. Mais pour comprendre l’enseigne écrite, les lettres eussent-elles un mètre de haut au lieu de dix centimètres, il faudra savoir lire, et c’est ce que tous nos paysans ne savent pas, surtout dans les montagnes de la Corrèze. Il faut donc se hâter de leur mettre un alphabet à la main, et le corollaire nécessaire de l’arrêté de M. le préfet c’est l’enseignement primaire, gratuit et obligatoire. Cette découverte va peut-être chagriner ce magistrat qui pensait évidemment à toute autre chose au moment où il proscrivait la vieille enseigne champêtre. Mais la logi que a ses rigueurs auxquelles, simple citoyen ou préfet, nul ne peut échapper. Clément Caraguel....