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Le Charivari, 11 janvier 1834

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Le Charivari
11 janvier 1834


Extrait du journal

EXCORE IJXE PERSILLADE! Il vous souvient que sous l’empire de ce chiffon de papier qu’on nomme communément la charte, et qui proclame l’a bolition de la censure, deux journaux, le National et le Cha rivari, avaient été censurés préventivement, par le nommé Dubois et ses dignes acolytes, de tout compte-rendu futur, ayant rapport aux débats judiciaires, depuis ceux de la cour de cassation, jusqu’à ceux de la plus mince justice de paix. Ces messieurs ne voulaient sans doute pas qu’on pût dispu ter à leur impartialité, les accusés que le ministère public lui jette à dépecer. Quoi qu’il en soit, survint un arrêt de la cour de cassation, qui restreignît aux débats de la seule cour d’assises de la Sei ne , l’interdiction universelle qui avait été prononcée par les premiers juges. En cet état de choses, le Charivari dut rire de cette petite vengeance, non moins impuissante dans ses effets, quant à lui, que stupide dans ses motifs. Que lui importe, en défini tive, qu’importe à sa spécialité la cour d’assises de la Seine? S’il ne lui est poiut permis, d’aujourd’hui à neuf mois, de cribler tous les jugeurs qui se succéderont dans la salle mê me, le Charivari les attendra à la porte, le Charivari leur lancera ses traits par le trou de la serrure, par les fentes de la muraille, par les fenêtres, partout où pourra passer le sar casme de sa vengeance ! Le Charivari n’avait donc qu’à per sister sous sa bannière , sans rien changer à sa constitution, puisque rien ne l’avait réellement atteinte. Le National avait d’autres nécessités, et même d’autres devoirs. L’empêchement de rendre compte des débats de la cour d’assises de la Seine , était une entrave que sa gravité ne pouvait esquiver, et auquel sa juste fierté ne pouvait se soumettre. Le National ne pouvait, en se laissant imposer ce bâillon, priver les accusés futurs, du secours de sa voix puissante, et leur nuire, même involontairement, de tout le dommage de son silence. Le National a donc mieux aimé se retirer du champ de bataille, que d’y paraître le bras lié, le glaive rivé dans son fourreau. Le National s’est déclaré mort, bien mort; mort pour deux ans , si toutefois ce qui est peut durer deux ans. Mais rassurez-vous, dignes patriotes qui sympathisiez avec ses généreuses doctrines ; rassurez-vous, amateurs de ce di gne et beau style, que vous trouviez dans ses colonnes; ras surez-vous nombreux lecteurs : le défunt n’est pas mort sans héritiers; le défunt n'est pas mort tout entier; c’est son corps qui est mort, c’est «on titre, c’est son acte social, c’est sa propriété seulement, tout ce qui composait sa dépcuille périssable; mais son patriotisme , mais son éloquence, mais sa dignité, mais son courage, mais son âme, mais sa pensée, tout cela n’est point mort, tout cela ne pouvait mourir. Aussi, dès le lendemain même, une bannière s'est élevée,...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • persil
  • dubois
  • pau
  • yous
  • carrel
  • armand carre
  • la seine
  • rolle