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Le Charivari, 14 octobre 1862

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Le Charivari
14 octobre 1862


Extrait du journal

BULLETIN. Il paraît que, d’après les statuts de 1808, les membres de la Légion d’honneur qui réunissaient certaines con ditions pouvaient être nommés cheval ers de l’empire. Voilà ce que beaucoup de gens ne savaient pas, et l’on ne peut que déplorer l’ignorance de ceux qui, faute de connaître cette particularité, sont morts sans avoir de mandé et obtenu les honneurs de la chevalerie. A quoi tiennent pourtant les distinctions et les titres dans ce monde 1 11 s’est néanmoins rencontré des légionnaires assez habiles pour découvrir le pot-aux-roses et en profiter. Le ministre de la justice a reçu de nombreuses demandes dont plusieurs ont été favorablement accueillies, de sorte que la société se trouve aujourd’hui émaillée de pas mal de chevaliers de l’empire dont personne ne se doutait il y a quelques mois et qui ne se doutaient pas euxmêmes de la chance qui leur était réservée. Un cheva lier, ce n’est pas tout à fait un comte, ni un baron, ni même un simple vidame, mais enfin c’est quelque chose, et nous sommes heureux d’en voir s’épanouir quelques uns. On assure qu’ils auront beaucoup de succès cet hiver dans les salons. M. Ratazzi viendra-t-il ou ne viendra-t-il pas à Paris? C’est toujours la question que l’on s’adresse. IL y a des correspondances italiennes qui démentent le bruit de ce voyage, d’autres assurent qu’il est décidé et qu’il aura lieu prochainement. Un journal du soir se dit en mesure d’affirmer que le ministre italien a renoncé à son voyage, par la raison qu’il ne venait à Paris que pour y chercher la solution de la question romaine, et que cette solution se trouvait indéfiniment ajournée. Cette affirmation n’est que trop probable, et nous craignons bien que l’Italie n’arrive ja mais à la solution de la question romaine, si elle ne sait pas la trouver elle-même. Ce n’est qu’en se séparant de Rome qu’elle aura Rome et qu’elle échappera aux griffes de l’ultramontanisme qui la tient en échec. Rome se dé fend bien, rendons-lui cette justice, mais il faut conve nir aussi qu’elle est bien mal attaquée par le libéralisme italien. Cette question nous conduit tout naturellement à par ler d’une brochure que M. Anatole de la Forge vient de publier sous ce titre : Les utopistes en Italie. Ces uto pistes sont au uombre de deux, M. de la Guéronnière et M. Eugène Pelietan, et ce sont leurs théories que M. de la Forge attaque avec infiniment de verve et de bon sens. On connaît les projets de M. le vicomte Arthur de la Guéronnière sur l’Italie. 11 veut diviser ce pays en trois royaumes : Numéro Deus impare gaudet, en l’honneur, as sure-t-on, de la sainte Trinité. Le fait est que s’il n’y avait pas cette raison on ne voit pas pourquoi l’Italie ne serait pas divisée en quatre ou en cinq royaumes plutôt qu’en trois par M. le vicomte Arthur. M. de la Forge ne fait pas aux lubies de M. le vicomte Arthur l’honneur de les dis cuter sérieusement. Tout le monde en a ri lorsqu’elles se sont produites, et l’on sait que la publication des trois lettres où elles sont exposées (toujours le nombre trois) nuisit beaucoup au protégé du noble vicomte, qui avait passe jusque-là pour l’homme politique le plus fort qui se fût produit en Europe depuis la mort du prince de Metternich. Le second utopiste est M. Eugène Pelletaq, bien moins...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • de la guéronnière
  • clément caraguel
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