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Le Charivari, 15 octobre 1862

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Le Charivari
15 octobre 1862


Extrait du journal

BULLETIN. Une lettre de M. Havin, directeur politique du Siècle, adressée à M. de Persigny, a repris une discussion enta mée il y a quelques mois au Corps législatif. Il s’agit de savoir sur quelle base doit être fixé le nombre des dépu tés à élire. La Constitution prononce qu’il y aura un dé puté par 35 mille électeurs. L’administration ne dit pas précisément le contraire, mais elle ne veut connaître d’autres électeurs que ceux qui sont inscrits sur les listes électorales. Or, comme le fait très justement remarquer le directeur politique du Siècle, l'inscription sur les listes n’est qu’une formali'é nécessaire pour la régularité du vote, mais qui n’ajoute ni ne relrancbe rien au droit élec toral appartenant à tout Français majeur et qui n’est point frappé d’incapacité civile et politique. Pour que les prétentions de l’aJministration fussent admissibles, il faudrait qu’un article de la Constitution déclarât déchu de sa qualité d’électeur tout Français qui aurait négligé de se faire inscrire ; or, ni dans la Consti tution ni ailleurs il n’y a rien de pareil, et l’on ne com prend pas comment une telle interprétation a pu se pro duire, ni comment une discussion sur ce point pourrait paraître inconstitutionnelle aux yeux de l’administration et en celte qualité être interdite aux journaux. Le Siècle s’adresse à cet égard à la loyauté de M. de Persigny et sollicite des explications que l’on ne peut manquer de trouver prochainement dans le journal officiel. L’Uuion avoue ce matin que les Irlandais ont eu tort de recourir à des violences contre les meetings garibal diens ; elle reconnaît que les coups de pierre et de gour din ne sont pas des raisons, mais après avoir donné cette preuve de bon sens par un effort qu’on ne saurait trop admirer, elle revient à ses divagations habituelles qui ont l’air d’un défi continuel au sens commun. Les révolutionnaires, dit-elle, ne manifestent aucune sympathie pour l’Irlande et lui contestent le droit de faire respecter sa nationalité. Où donc M. de Riancey a-t-il vu quelque cho^e de semblable? Les révolutionnaires, puisque c’est ainsi qu’il nous appelle, trouvent les Irlan dais parfaitement ridicules de demander la liberté pour eux lorsqu’ils la refusent aux Romains. Le droit des na tionalités n’est respectable à Dublin qu’à la condition de l’être également à Rome, et les Irlandais en méconnais sant cette vérité si simple pourtant se montrent indignes de prononcer seulement ce mot sacré de liberté et ne peuvent exciter qu’un trop juste mépris. Telles sont les réflexions que l’attitude des Irlandais a inspirées à la presse libérale. Mais M. de Riancey une fois lancé ne s’arrête pas en si beau chemin, et il accuse ces mêmes révolutionnaires de fouler aux pieds en cette occasion le principe du suffrage universel. On sait que l’Union aime les grands mots. Qu’est-ce donc que le suf frage universel peut avoir à faire ici ? M. de Riancey va nous le dire. La « volonté nationale » des Irlandais s’é tant manifestée en faveur du pouvoir temporel, quicon que est partisan du suffrage universel doit s’incliner et reconnaître que le pouvoir temporel existe en vertu du vœu des populations. Nous pensions que c’était la volonté nationale des Ro mains qui devait décider du sort de Rome, mais M. de Riancey veut que ce soit la volonté nationale des Irlandais. Alors c’est aux Romains à voter sur le gouvernement qui convient à l’Irlande, aux Russes à régler les destinées des...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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