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Le Charivari, 15 juillet 1834

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Le Charivari
15 juillet 1834


Extrait du journal

Et pourtant c’est presqu’avec colère que je dis ée ce livre tout le bien que j’en pense ; mais moins encore qu’il n’en méîite. C’est avec colère ; car j’avais arrangé mon rêve à propos de l’avenir des femmes ; non pas St-Simonicn, car je n’ai point de papesse sous la main; non pas fourriériste, faute de grande ma trone ; mais mon rêve à moi, qui est mon bien, et que vous ne saurez pas. Eh bien ! M. Ernest Desprez a gâté mon affaire. Dans un monde où vivent trois anges pareils aux siens, il n’y a plus de réforme à introduire. Il faut dire seulement : <* Lisez ce livre, si jeunes, si pures que voussoyiez, car rien n’y effarouche, ni la forme, ni le fond : c’est un tableau d’intérieur comme Greuze en savait faire, une suite de scènes qui font pleurer. Lisez et vous me remercierez ensuite de vous avoir indiqué un ouvrage qui s’adresse à la tête et au cœur de tous ; qui peigne avec un talent exquis ce qui reste de bons côtés dans notre nature. Lisez ! i> -— requête du Charivari au sténographe de la cour. Pour lui demander compte de l’interruption des QUE de voyage et lui en réclamer le] remboursement avec intérêts et arré rages. Monsieur, Voici déjà prés de huit jours que la Pensée immuable voyage sur les grandes routes de la Normandie, et le Moniteur ne nous a pas encore transmis un seul que. C’est une désolation. D’où provient cette disette de QUE ? est-ce un mauvais génie, ou un rhume de poitrine qui arrête le QUE dans l’auguste go sier ? ou bien est-ce un accident typographique, tel que bris de presse, forme mise en pâte, etc., qui retarde l’émission du QUE dans les colonnes du Moniteur ? Nous qui savons bien qu’il n’est rhume de poitrine, ni extinc tion de voix qui puisse retenir le QUE dans le royal larynx, et que le QUE, non moins têtu que la Pensée, passe partout, à tra vers tout, et s’échapperait par les yeux, par les oreilles, je ru; sais par où, plutôt que de rester enfermé dans le corps de It Pensée immuable, nous nous sommes dit tout d’abord : «Il n’est pas possible que la royauté s’abstienne de QUE tout le long de la grande route d’Eu. Elle doit nécessairement lâcher son QUE de distance en distance, comme de coutume ; et si ce QUE ne nous arrive pas tout frais à Paris, cola tient probable ment à quelque cause particulière , inhérente au sténographe QUEtier ou à ce vieux paresseux de Moniteur ? N’est-il pas possible, par exemple, que la Pensée, dans un moment d’tnthousiasme.se soit prise à lâcher à l’encontre d’un garde-champêtre dévoué, un QUE luxorique, un interminable QUE, enfin un QUE à perte de vue ? La phrase une fois commencée, onauia voulu en attendre la fin, pour l’envoyer complète à Paris ; niais loin qu’elle ait pu arriver à temps pour être insérée dans le Moni teur., elle n’en était encore qu’à son troisième membre et deux cent soixante-et quatorzième QUE, lorsque le Moniteur a mis sous presse. Le garde-champêtre, en homme poli, n’aura pas voulu interrompre la Pensée immuable : il aura envoyé pré venir sa famille de son triste cas, et la famille se sera empressée d’t xpédierau pauvre homme son souper avec un lit de sangle : le garde-champêtre aura soupé pendant le ceul-scptième membre...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • richelieu
  • greuze
  • paris
  • colbert
  • cambon
  • normandie
  • aubert