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Le Charivari, 16 décembre 1864

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Le Charivari
16 décembre 1864


Extrait du journal

MÉMOIRES D’UN SOLDAT PRUSSIEN. I On vient de me désigner pour rejoindre mon régi ment qui est à la guerre. Enfin je vais donc savoir ce que c’est qu’une bataille. J’en ai souvent entendu parler, mais je n’y ai jamais assisté. Je n’ai rien à envier à mes camarades; depuis de longues années ils sont restés l’a&ne au pied. La Prusse est demeurée simple spectatrice des luttes qui se sont engagées en Crimée, en Italie et en Polo gne. Je ne suis pas fâché de me mesurer aussi avec des ennemis. D’aburd cela me posera bien aux yeux de ma payse que je dois épouser sitôt que j’aurai terminé mon service. Si le front de ma bien-aimée est ceint d’une couronne de Heurs d’oranger, le mien sera couronné de lauriers. Je suis las de faire la faction devant les monumens publics. Vive la guerre ! II Pour me rendre compte de la situation politique, je viens d’interroger mon sergent. — Mon supérieur et sergent, lui ai-je dit, avec votre permission, permettez moi de vous poser une ques tion? — Vas-y, mon garçon. — Pourquoi allons-nous dans le Schleswig-Holstein? — A seule fin de prouver que le droit du plus fort est toujours le meilleur. — Et puis encore. — C’est tout. — Combien l'armée danoise a-t-elle d’hommes à nous opposer? — Trente mille. — Et nous sommes? — Cent cinquante mille ; mais, comme tu le vois, on continue à envoyer des renforts. — Alors nous serons à peu près cinq contre un. — Tu l’as dit. Je restai soucieux. — Est-ce en tombant cinq sur un seul homme que l’on se couvre de gloire? me demandai-je. Je n’osai me répondre. ïll J’arrive dans les possessions danoises. Au nombre de trois mille nous envahissons un petit village qui n’est défendu que par un chien de berger qui aboie en nous voyant. Nous prendrait il pour des loups ? Cette erreur n’est pas flatteuse pour nous. Le commandant ordonne le feu. Nous tuons le chien; il reçoit tant de balles dans le ventre qu’on ne retrouve plus trace de ce pauvre animal....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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