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Le Charivari, 17 décembre 1864

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Le Charivari
17 décembre 1864


Extrait du journal

BULLETIN. On voit tous les jours s’accroître le nombre des par tisans de l’enseignement primaire obligatoire, mais le principe de la gratuité rencontre plus d’opposition. Voici pourtant un fait qui doit donner à réfléchir à ceux qui le combattent ; c’est à un journal belge que nous l’empruntons. Le conseil communal de Laeken avait décrété au mois d’octobre dernier l’établissement d’une école payante du soir ; mais, malgré la modicité de la rétri bution exigée, quatre jeunes gens seulement se firent inscrire. Le conseil communal décréta alors la gratuité de l’école ; il n’y a pas un mois de cela et les cours sont déjà suivis pour plus de deux cents adultes. Ce fait est significatif ; un des principaux argumens des adversaires de la gratuité était qu’elle n’occasion nerait pas un accroissement sensible dans la jeune po pulation des écoles, mais déjà l’expérience prouve contre eux, et il ne leur restera bientôt plus à faire va loir que de mesquines et égoïstes considérations de gros sous. Que chacun paie son instituteur, disent en core quelques personnes, comme chacun paie son mé decin, son notaire ou son avocat. La comparaison est d’autant moins heureuse que dans la question de l’en seignement primaire c’est l’intérêt général encore plus que l’intérêt personnel qui est en jeu. L’ignorance et la sauvagerie sont un danger et une menace constante pour la société ; elle est donc toute entière intéressée à faire pénétrer partout la lumière, et par la lumière les idées d’ordre, de morale et de justice. Et de même que nul ne s’avise de regretter l’argent dépensé à des travaux utiles tels que l’assainissement du sol, on ne saurait re garder comme mal employé l’argent consacré à assainir les esprits et les âmes. 11 est sans doute des considéra tions d’un ordre bien autrement élevé que font valoir les cœurs généreux, mais pour ceux qui ne sortent pas du terre à terre bornons-nous à préconiser la gratuité de l’enseignement primaire, au nom de l’égoïsme bien entendu. Le roi Victor-Emmanuel vient de signer la loi qui transfère à Florence la capitale de l’Italie, et de ce jour commence à courir le délai de deux ans fixé pour l’é vacuation de Rome par nos troupes. Voilà du coup l’Es pagne dans un grand embarras. Elle avait jusqu’ici un représentant à Turin, sans se croire pour cela engagée à reconnaitre le royaume d’Italie, car par une heureuse subtilité politique ce représentant n’était censé entre tenir des relations officielles qu’avec le roi du Piémont. Mais que de Turin il se transporte à Florence, et la si tuation change complètement. Florence est l’ancienne capitale de l’ancien grand-duché de Toscane et elle n’a rien de commun avec le petit Piémont, comme dit jo vialement M. de Riancey. La question se pose donc ainsi : Irons-nous ou bien n’irons-nous pas à Florence? Y aller c’est reconnaître l’usurpation, n’y pas aller c’est nous rendre ridicules aux yeux de l’Europe, sans compter que l’on se passera de notre ambassadeur. Cruelle perplexité ! Toutes les fortes têtes gouvernementales de Madrid sont aux champs; Narvaez s’est enfermé dans son cabinet et la sœur Patrocinio fait des neuvaines. Autre question, mais qui pourrait être plus sérieuse. Le jeune roi de Grèce, Georges Ier, signera-t-il ou ne...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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