Extrait du journal

yeux de la15 commission de colportage pour qu’elle les proscrive impitoyablement ? Ajoutons qu’il n’y a pas un mot de politique dans ce livre; cependant la commission qui a été touchée de la giâee ne refuse jamais ses ten dresses et son estampille à ces plates petites brochures que le parti clérical répand à profusion dans les campa gnes ; sottises sans nom, élucubrations idiotes, récits de miracles dont la commission ne croit pas un mot, non plus que celui qui les a écrits. Ges productions ineptes circulent librement et par privilège, pour élever l’esprit et orner le cœur des masses. Ceci ressemble en vérité à un parti pris et même, s’il faut le dire, à une persécution organisée contre quelques hommes qui ont le malheur de déplaire aus puissances. Displicuit nasus tuus. Des conférences s’étaient établies rue de la Paix sur le modèle des lectures publiques d’An gleterre, de Suisse et de Belgique; d’anciens professeurs aujourd’hui journalistes y venaient s’exercer à l’art do la parole en traitant des questions de philosophie, de litté rature ou de science ; l’administration ferme les confé rences et renverse ces chaires improvisées. S’il est dé fendu de parler, peut-on du moins écrire? Oui, mais le livre sera mis à l’index. De telles sévérités sont bien imprudentes. N’y aura-t-il pas en effet des gens pour dire que ce n’est pas l’œuvre que l’on poursuit, mais l’auteur? Il faut pourtant que tout le monde vive. Tel écrivain rentré en France sur la foi de l’amislie a dû croire qu’il était désormais à l’abri des tracasseries que peut susciter une malveillance systématique, et nous sommes sûrs que c’est ainsi que l’amnistie a été comprise par la haute pensée qui en a pris l’initiative. Appartient-il aux bu reaux de dénaturer cette pensée et de faire en quelque sorte un leurre et un piège d’une grande mesure qui a rouvert à des exilés les portes de la patrie ? Clément Caraguel....