Extrait du journal

animaux, et de comparer par ce procédé ingénieux le révolutionnaire au serpent. A ce propos, le Monde se vante d’avoir inventé l’analogie, comme si les intéressans ouvrages de Toussenel n’existaient pas. Mais il ne suffit pas d’emprunter une idée au pro chain, encore faut-il savoir la mettre en œuvre. Le révo lutionnaire passe en général chez les amis du journal dévot pour un être féroce, violent, tapageur, portant le chapeau sur l’oreille, toujours prêt à tout casser et du reste fort altéré de sang. Ce type-là ne ressemble guère au serpent ; on lui trouverait plutôt une analogie avec le tigre, et nous ne voyons vraiment pas pourquoi l’on nous fait tort de cette comparaison. Il paraît néanmoins qu’un clérical vient de publier un livre sur ce sujet et « qu’il propose avec vivacité la destruction de toute la gent venimeuse. » Le Monde veut bien toutefois s’interposer au nom de la charité chré tienne et « invoquer la miséricorde plutôt que la jus tice, » ce qui veut dire que la destruction de tous les serpens humains paraîtrait juste au rédacteur du Monde, seulement il leur fait grâce par charité. A la bonne heure 1 Nous l’avons en dormant, messieurs, échappé belle. Au surplus, l’analogie du serpent, puisque c’est de cela qu'il est question, est trouvée depuis longtemps. Le serpent est insinuant, rampant, doucereux, perfide et gonflé de venin ; quand il lui plait de prendre la forme humaine, il se glisse chez les gens simples et crédules sous les traits de Tartufe. C’est Molière qui a découvert sa véritable analogie. Clément Caraguel....