Extrait du journal
U CORRESPONDANCE DU ROI DE PRUSSE. I ... Et l’huissier de service ayant apporté à sa majesté le roi de Prusse la correspondance du jour, Frédéric Guillaume commença à lire une première lettre ainsi conçue : La Jamaïque, 8 octobre 1862. Mon cher cousin, Moi très au courant des nouvelles —et faute de pou voir faire de la politique pour mon compte, moi prendre plaisir à en faire pour le compte des autres. Avoir suivi avec beaucoup de divertissement la lutte de votre majesté avec la chambre. Très amusantes péripéties ! Mais, moi, inquiet sur la fin. Aussi dans votre intérêt, mon cher cousin, moi avoir voulu communiquer avec vous. Entre quatre-z-yeux, dans mon temps, moi avoir suivi système pareil. Tout par moi I Absolutisme charmant. Moi n’avoir pas voulu comprendre que quelqu’un m’empêche de donner coups de bâton à nos sujets, sou vent et beaucoup. Moi avoir voulu disposer des finances pour acheter plumes, rubans, chamarures, et couper le cou à ceux qui auraient voulu faire remontrances à moi. Mais, moi, bien changé depuis que j’ai fait des re flexions. Moi m’arracher des poignées de cheveux depuis que je végète en disponibilité. Car vous connaître mon triste sort. Moi avoir voulu prévenir votre majesté en lui rappe lant les abus de pouvoir qui m’ont si piteusement con duit à la Jamaïque. Ouvrez l’œil, cher cousin. SODLOÜQÜE. A cette lecture Frédéric-Guillaume éclata de rire et dé cacheta une seconde lettre ainsi conçue : IL Vienne, 8 octobre 1862. Mon cher cousin, Votre dévouement aux principes absolutistes m’inspire une ardente sympathie et je ne vous l’envoie pas dire. Pourtant, à cause précisément de cette ardente sym pathie, j’ai voulu vous adresser aujourd’hui une lettre qui vous sera, j’espère, de bon conseil. Dieu me garde de méconnaître les grandes vues de sa majesté, malheureusement les peuples sont au dix-neu vième siècle trop gangrenés pour nous comprendre, nous autres, puissans penseurs. Les nations ingrates ne savent pas apprécier le mal qu’on se donne dans leur intérêt, les efforts qu’on fait pour les maintenir dans un assujettissement heureux. Moi qui vous parle, j’ai pris bien de la peine pour doter mon duché d’un gouvernement vraiment digne de ce nom. Rien ne me coûtait. Je ne lésinais ni sur les sbires ni sur les prisons. Je me sacrifiais véritablement, passant les jours et les nuits à imaginer en leur faveur quelque nouvelle loi de com pression. Vous ne pouvez ignorer comment ils ont reconnu mes soins 1 Je suis à Vienne pour le moment. Ce domicile n’a pas besoin de commentaires. Certes je me réjouirais de vous serrer la main, le cas...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - françois ii
- pierre véron
- rome
- vienne
- jamaïque
- françois
- ahl
- amérique
- faits divers