PRÉCÉDENT

Le Charivari, 18 septembre 1855

SUIVANT

URL invalide

Le Charivari
18 septembre 1855


Extrait du journal

les hommes pour aller vivre au fond des bois avec les ours et les loups ! Mais que tu es eneore plus beau, ô journal de mon cœur, lorsque tu t’écries :—Que l’on ne s’y trompe pas, si l’on s’est réjoui de la chute de Sébastopol en France, c’est surtout parce qu’on y a vu le gage d’une paix prochaine. Terminer la guerre c’est la meilleure façon d’honorer le courage et le dévoue ment de nos soldats. Ils on! sué sang et eau à prendre Sébastopol, eh bien, faisons absolument comme s’ils ne l’avaient pas pris. Récompensons-les en annulant leur victoire. Après cela, s’ils ne sont pas contens, c’est qu’ils ne seront pas raisonnables. Avant la destruction de la flotte de la mer Noire et l’échec grave qui met les Russes dans l’impossi bilité de conserver la Crimée, on ne voulait pas ac céder aux conditions présentées par le prince Gort schakoff à Vienne. Je ne vois aucune difficulté à les accepter maintenant. Agissons exactement comme si nous avions été battus. C’est la conduite que doit tenir après chaque victoire une nation vraiment politique. Voilà un langage que j’aime dans la bouche de mes vainqueurs. Mais en resterez-vous à, ô Assem blée nationale? N’aborderez-vous donc jamais le vé ritable côté de la question ? Ne direz-vous jamais à vos lecteurs le secret de vos tendresses pour la Russie? Faites-le, allez jusqu’au bout. Voici comme il faut parler. Les hommes d’ordre doivent ménager la Russie. C’est notre bouclier contre la révolution, c’est notre dernier espoir. Sous son égide seule peuvent triom pher la religion, la propriété et la famille. Affaiblir la Russie, c’est affaiblir la cause de l’ordre euro péen ; la tuer, c’est nous tuer nous-mômes. C’est pourquoi la guerre de Crimée est une énorme faute des puissances occidentales. Réparons-la, s'il en est temps encore, en faisant à la Russie toutes les excuses et les concessions qu'il lui plaira d’exiger. Rebâtissons Sébastopol de nos propres mains, pavons-lui une indemnité de guerre; appelons le tzar à Paris, semons des fleurs sous ses pas, comme cela s’est fait en -1815, et supplions-le à genoux de nous donner une constitution de sa main. J’espère que vous prendrez ce thème, que vous le développerez et que vous en ferez un de ces articles...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

En savoir plus
Données de classification
  • de salvandy
  • de titoff
  • clément caraguel
  • russie
  • sébastopol
  • paris
  • vienne
  • france
  • colbert
  • cologne
  • pp