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Le Charivari, 17 septembre 1855

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Le Charivari
17 septembre 1855


Extrait du journal

L’ELDORADO DES LOCATAIRES. Nous avons encore tout simplement un mois, deux mois tout au plus à pâtir, c’est-à-dire à payer les loyers deux ou trois fois plus cher qu’ils ne va lent. Mais laissez l’Exposition enlever sa tenle, que tous les étrangers aient fait leurs malles et déserté Paris, laissez surtout se terminer ces rues gigan tesques et monumentales qu’on est en train d’édi fier en ce moment, vous verrez si les choses ne se modifient pas et si on continue à payer des cinq ou six mille francs d’infâmes pigeonniers situés au cinquième ou au sixième étage. Il ne s’agit donc que d’attendre le mois de janvier; c’est évidemment la grande ère de l’abaissement des loyers ; tout change alors, tout s’humanise ; les étrangers ne sont plus là pour élever les appartemens à un taux scandaleux. Les quartiers neufs ont dit leur dernier mot, les anciennes maisons onL à prononeer leur meâ culpâ et à changer complète ment de prétentions et d’allures. Plus d’exigences absurdes, de logemens cotés à des prix féroces, plus d’exploitation de l’homme par le loyer. Déridons-nous-, respirons, immolons en attendant une foule de taureaux à la muse de l’architecture. A partir de ce bienheureux mois de janvier pro chain, nous voyons se dessiner un nouveau type de propriétaire tout à fait inconnu jusqu’à ce jour, le propriétaire caressant, onctueux, qui traite les loca taires comme des amis sacrés, des espèces de cou sins ou de frères que la Providence lui envoie, pra tiquant envers eux toutes les règles de l’hospitalité antique. On bénit donc le locataire quand il se présente, on serait presque tenté de l’embrasser et de le cou ronner de parfums. Que veut-il? Qu’exige-t-il? Souhaite-t-il des fleurs dans son escalier? Qu’il choisisse lui-même le bois de ses parquets. Veut-il du bois de santal, de rose, de l’ébène, de l’ivoire, ou s’il préfère la mosaïque de Florence ? Certains propriétaires vous annoncent, quand vous entrez chez eux, qu’ils donnent tous les ans quatre grands bals, deux raouts, trois concerts et six grands dîners tout exprès pour leurs locataires. Le concierge a ordre de vous vernir vos bottes tous les matins, sans exiger la moindre rétribution, avant même d’avoir frotté les escaliers. Si vous dites un mot de plus, il vous fera la barbe,...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • paris
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