Extrait du journal

C’est en vain qu’on apprend que Madrid et Barcelone jouissent de la plus grande tranquillité. Qu’Espartero n’a pas fondé une nouvelle dynastie à la place de celle des Bourbons. Que le général Prim n’est point passé infant des As turies, et qu’un nouveau cabinet est à peu près formé. On baisse toujours. Seulement, au lieu de nouvelles politiques, ce sont des nouvelles financières qu’on met en avant. Le fameux emprunt pour les travaux publics revient sur l’eau. On annonce qu’au lieu de recourir au crédit, on met tra en vente pour 300 millions de forêts de l’Etat. Et quand cela serait, pourquoi, je vous le demande, la rente baisserait-elle? Elle a au contraire bien plus de raisons de monter. Mais la semaine prochaine nest) passera pas sans que nous ayons le rapport de M. Foui.!. En attendant n’es sayons pas de lutter contre les défaillances de la Bourse. Du moment où elle ne rougit pas de sa conduite en présence de l’escompte à 5 0/0 en France et à 6 0/0 en Angleterre, il n’y a plus rien à attendre d’elle. Tant que les acheteurs ne se sentiront appuyés ni par la haute banque ni par la place Vendôme, ils lâ cheront pied devant le premier canard d’Alpaga. Joignez à cela que sur les 60 agens de change dont se compose le parquet, 50 au moins croient à la baisse et la prêchent à leurs cliens. Pourquoi? On ne l’a ja mais su, on ne le saura jamais. Les baissiers ont essayé d’exploiter à leur profit le Bilan de lb Banque. ~ Ils signalent une diminution de l’encaisse de quatre millions. Une augmentation de vingt millions dans le porte feuille, et surtout une baisse de dix-huit millions dans les comptes-courans particuliers. Si j’avais le temps je vous démontrerais qu’il n’y a rien d’inquiétant dans ces divers chapitres, au contraire, mais vous vous en rapportez à ma parole. Castorine est rassuré, vous l’êtes aussi et vous allez me suivre à La Halle aux Vins. Il y a quelques jours un traité est intervenu Entre Pluton dieu des finances d’une part, Et Bacchus, dieu des grands crus, d’autre part, en vertu duquel Pluton cède à son confrère son temple situé sur la place de la Bourse de trois à cinq heures de relevée. Pendant ce temps-là, la corbeille où les prêtres de Pluton, autrement dit les agens de change, célèbrent leurs mystères est transformée en sanctuaire de la dé gustation. Tous les amateurs de Paris assistent à cette vente de quatre-vingt-six mille bouteilles. Les premières vacations ont été consacrées aux vins de Bourgogne. Crus chaleureux, toniques, fortifians, dont les émanations répandues dans tout le monument ont dû naturellement contribuer à cette hausse de toutes les valeurs qui a marqué le commencement de la semaine. Aux vins de Bourgogne succèdent les vins de Bor deaux. Du bouquet, mais de la froideur ; agréables au goût, mais n’activant pas la circulation du sang. Je n’hésite pas à attribuer en grande partie à leur influence...