Extrait du journal

A propos du bruit que l’on fait courir de la création pour M. Haussmann d’un ministère de la ville de Paris, un journal plein d’admiration Jpour les démolitions de M. le préfet de la Seine apporte un nouvel argument à l’appui du système qui ne permet pas aux Parisiens de nommer leurs conseillers municipaux. Paris, dit-il, ne s’appartient pas ; c’est une ville cos mopolite, i’orgueii de l’univers. Si elle est la capitale de la France, elle est aussi la capitale de l’Europe, et ses magistrats en doivent compte au monde entier autant qu’à la France. D’où il suit que son conseil municipal doit être nommé par décret. C’est quelque chose d’analogue à la théorie de Rome propriété indivise du monde catholique, et pour cetle raison ne s’appartenant pas. Il nous semble que l’on commence à abuser des villes neutralisées et des citoyens condamnés à l’oasis. Avec ce système la démolition et la reconstruction de Paris s’expliquent et se justifient tout naturellement. Du moment où Paris est la propriété de l’univers entier, occupons-nous de le satisfaire. Qu’est ce qu’il demande cet univers entier qui vient passer ici quinze jours de temps à autre? Des boulevards tout neufs, de belles rues, des maisons en or, quelque chose qui puisse lutter avec les décors de la liiche au bois ou du Pied de mouton. 11 faut qu’au moment de re tourner chez lui, il se déclare content et satisfait et s’é crie : Très bien ! très bien I comme le maire de Meaux. Et où en serions-nous si l’uuiversentier allait abandon ner Paris pour se jeter sur Quiévrain ou Barcelonnette? Je comprends dès lors pourquoi Paris ne vote pas. mais je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas voter l’univers entier quand il s'agit de nommer un conseil municipal parisien. 11 est difficile de dire où l’on s’arrêtera dans cette voie. On finira par déclarer Asnières la propriété des canotiers et Nanterre l’apanage commun de toutes les jeunes filles innocentes et vertueuses....