Extrait du journal

plus temps. La corruption s’était infiltrée dans les mœurs ; la vertu et le courage avaient disparu et les barbares eurent bon marché d’un peuple dégénéré. » Ainsi parlent Montesquieu et Niebuhr. Il nous semble que ces deux historiens sont tombés dans une erreur déplorable et qu’ils ont confondu les barbares avec les Romains. C’étaient les Romains qui avaient le menton rasé, tandis que les barbares au contraire portaient la barbe. Peut-être même était-ce de là que leur était venu le nom de barbares. Au fond, peu importe. Il est à peu près prouvé aujourd’hui que l’histoire n’a plus aucun sens. L’important est qu’il ne soit pas trop tard pour supprimer la barbe et la moustache de tous les mem bres de l’administration. Nous aimons à croire que les mœurs publiques ne sont pas encore tout à fait gangrenées et que cette réforme pourra produire des effets salutaires. Attendons tout du temps. Nous avons reçu la visite du propriétaire du pho que du boulevard du Temple. Cet industriel nous a informés qu’il se proposait de montrer l’an prochain comme pièce principale de son cabinet de curiosités un homme à barbe. Nous l’avons fortement encou ragé à persister dans son dessein. Un homme à barbe sera l’an prochain un phénomène de la plus grande rareté. Clément Caraguel....