Extrait du journal

—- (Tes gendarmes pontificaux ne vous laissent pas un ïtisjant tranquilles. — A la première occasion je brûle la politesse au comité romain. — J’ai déjà écrit aux camarades de Paris de ne pas se laisser prendre aux belles promesses qu’on pourra leur faire. Ces individus étaient armés jusqu’aux dents ; je n’ai pas jugé à propos de les suivre jusqu’à la lisière du bois, et par un chemin de traverse je me suis hâté de venir vous faire part de cette nouvelle. Le lendemain je me suis rendu à Rome dans l’intentention de révéler à la police ce que je venais d’appren dre. Ceci n’a rien qui m’étonne, et je puis, a ajouté le di recteur de la police, vous en dire bien d’autres. Vous connaissez Ka-ka-o-li ? — Non. — C’est le chef suprême de la société secrète du Nénuphar bleu ; il est ici déguisé en marchand de pâtes d’Italie sous le nom de Bucefalo. Vous avez sans doute entendu parler du célèbre docteur Matheus? — Du tout. — Il dirige tous les illuminés de l’Allemagne; il se trouve également à Rome sous un déguisement, mais je suis parvenu à le dépister, ainsi que Le délégué des francs-maçons, Le délégué des solidaires belges, La délégué des manichéens suisses Et les vingt-quatre délégués révolutionnaires qui sont venus ici se mettre en rapport avec le comité romain et se concerter sur les moyens les plus prompts pour renvoyer le pouvoir temporel. Reconnus par un de mes agens qui les a vus et qui a causé avec eux au congrès de Liège, ces misérables se ront tous saisis demain au saut du lit et mis en lieu de sûreté, c’est moi qui vous en réponds. — Et le comité romain ? — Nous en avons besoin pendant quelque temps en core. Poussé à bout par l’arrestation des délégués, il provoquera sans doute quelque émeute et c’est là où nous l’attendons. — Mais si le peuple se soulève ? — Tant mieux. — S’il renverse le gouvernement? — C’est ce que nous voulons. — Comment ce que vous voulez? — Sans doute, parce que les Français seront obligés de rester. J’ai été bien obligé de reconnaître qu’envisagée à ce point de vue l’émeute pouvait avoir du bon. On compte beaucoup sur cette éventualité au Vatican, mais il est à craindre que le comité romain averti par ses espions ne fasse échouer cette combinaison en se tenant tran quille. Nous saurons bientôt du reste à quoi nous en tenir à ce sujet. En attendant, monsieur le rédacteur, je puis vous dire en confidence que la cour de Rome s’apprête à frapper un de ces grands coups qui font tressaillir de joie et d’orgueil M. de Riancey et M. Laurentie. L’encyclique, Le syllabus, L’excommunication des francs-maçons ont besoin d’un complément, d’une sanction que Sa Sainteté va bientôt leur donner....