Extrait du journal

Les négocians de la cité viennent d’adresser la lettre suivante au ministre des affaires étrangères en Angle terre : Mylord, L’Espagne possède trois ou quatre navires cuirassés dont elle se sert uniquement pour faire de mauvaises plaisanteries à ses anciennes possessions de l’Amérique du Sud. Au moment où on s’y attend le moins, on voit surgir les quatre navires espagnols devant un port quelconque du littoral. Une chaloupe se détache de l’un des navires qui porte le pavillon amiral, un officier en débarque ot demande à être conduit devant le président de la république qui s’empresse de le recevoir. — Excellence, dit l’officier, je suis chargé de la petite pièce que voici, veuillez en prendre connaissance. Le président ouvre le pli et lit : ULTIMATUM Adressé par V Espagne au président de la république de... 1° Le président adressera des excuses à la reine pour l’outrage fait à son pavillon ; 2° La république de... paiera une indemnité de... (Ici on peut toujours mettre un chiffre pas mal rond de millions) ; 3° Gomme garantie du parfait paiement de l’indem nité, l’Espagne occupera une partie désignée du terri toire de la république (une île à guano principale ment). Si les susdites conditions ne sont pas acceptées dans les vingt-quatre heures, le soussigné a l’ordre formel de déclarer tous les ports de la république en état de blocus et de bombarder la capitale. (Suit la signature d’un amiral quelconque.) L’infortuné président commence par se récrier. — Do quel outrage voulez-vous parler? — Votre Excellence le sait bien. — Le trésor public est vide. — Nous attendrons qu’il se complète si vous nou donnez une île....