Extrait du journal

Le rédacteur de la Gazette autrichienne étant venu passer quelques jours à Milan sortit le matin de bonneheure de son hôtel et se jeta dans les bras du premier Milanais qu’il rencontra. — Qui êtes-vous, lui demanda le Milanais, et pourquoi m’embrassez-vous ? — Je t’embrasse, répondit le rédacteur avec un accent tudesque des plus fortement prononcés, parce que je suis Ion compatriote et ton frère. — Vous? — Quelque chose ne te le dit-il pas4? Je suis sûr que la voix du sang crie déjà en toi, rends-toi au cri de la nature! — Soit, reprit le Milanais^qui, croyant avoir affaire à quelque fou échappé des petites maisons, se serait bien gardé de le contredire, vous êtes mon frère et mon com patriote, mais j’avoue qu’au premier abord je vous au rais pris pour un Tudesque. — Et tu ne te serais pas trompé, frère ! — Gomment se fait-il alors que vous soyez mon com patriote ? — Rien de plus de simple ; n’es-tu pas Lombard ? — Je m’en vante. — Qu’étaient les Lombards? Une réunion de peu plades germaniques qui, sous la conduite d’un chef nommé Alboin ou Albouin, fit la conquête de ce pays, s’y fixa et y fonda la ville de Milan, capitale du royaume des Lombards. Je lis clairement sur tes traits ton origine germanique, tu n’as rien d’italien, mon cher ami, rien do tout, tu es Allemand et Lombard, archi-Lombard et arclii-Allemand, par conséquent Autrichien, viens donc sur mon sein, viens. Vive l’Autriche! A ce cri extraordinaire un grand nombre de Milanais dent accouru, on aurait fait peut-être un assez mau dis parti au rédacteur en chef de la Gazette autrichienne ^ns son interlocuteur qui expliqua à la foule ce qu’il en était....