Extrait du journal
THEATRE DE LA PORTE-ST-MARTIN. Le Brigand et le Philosophe, drame en 5 actes, avec pro logue, par MM. Félix. Pyat et Auguste Luchet. Si je connaissais un moyen honnête d’esquiver l’analyse d’une pièce dont il faut rendre compte avec quelque déve loppement , croyez-bien que je vous épargnerais les trente ou quarante premières lignes qui vont suivre ; car je ne sache rien de plus mortellement ennuyeux que nos analyses, à nous surtout petite presse, qui n’avons pas, pour nous mouvoir à l’aise, cet infini de neuf colonnes dont nos grands confrères daignent se tronquer, dans les occasions solennelles, en fa veur de la littérature dramatique. Que peuvent signifier, je vous le demande, ces analyses écourtées, qui en disent néces sairement trop peu pour ceux qui ne verront pas la pièce, et nécessairement trop pour ceux qui la verront? Je ne m’in quiète que d’une chose, à savoir lequel doit le plus souffrir, ou de l’auteur qui voit son œuvre soumise à cette grossière et imparfaite distillation, ou de l’écrivain qui distiile, ou du lecteur qui consomme. Quand je me serai fait auteur, je ré soudrai la question. En attendant qu’on ait trouvé le moyen de s’en passer, sup portons l’analyse, qui est à l’examen critique, ce qu’est la figure à la thèse géométrique. Supportons-la, comme nous supportons l’ordre de Chose, par la seule raison qu’il ne nous est pas encore donné de le changer. Supportons notam ment celle-ci, à laquelle je vais tâcher de donner autant de brièveté que j’en souhaiterais à l’ordre de Chose. Oscar est un chef de bandits, dont la sinistre îenommée s’étend sur toute l’Allemagne. La confédération n’a pas un théâtre, pas un cabinet de figures en cire, pas une taverne qui n’ait dans son répertoire, dans son exposition, ou sur ses murailles, cette terrible figure d’Oscar, du brigand dont la tète a été mise à prix. Oscar sauve un jour la vie à la comtesse d’Hamstack. « Comptez sur ma reconnaissance, lui dit la comtesse, et si quelque jour , rendu à de meilleurs sentimens, vous rentrez dans la société, venez à moi ; je ne vous aurai pas oublié. » Quelques jours après, Oscar a réfléchi que le vol, adroit ou violent, le vol contre la loi, n’est qu’un misérable grapillage, tandis que le vol bourgeois, le vol avec la loi, est une riche , une abondante moisson. Oscar a dit adieu à ses camarades. L’un d’eux voulait le tuer et le livrer, pour toucher le prix de son sang. C’est Oscar qui le tue , et le livre en le faisant pas ser pour Oscar. Puis à l’aide de papiers qu’une ancienne ex pédition a laissés en son pouvoir, il se fait passer pour un jeune lord. Le chef de bandits a fait ainsi peau neuve ; Os car est mort pour tout le monde, excepté pour la comtesse. Tel est le prologue. Un homme se présente chez la comtesse, dans son habita tion de la ville qui est occupée par le docteur Magnus, élève de Gall, et par une jeune orpheline qu’elle a recueillie. Ce docteur fut autrefois sou amant, et de cette liaison, sont nés deux enfans, l’orpheline, et un fils que les païens ont perdu dès son enfance. Ce visiteur, c’est Oscar, qui vient sommer Amélie de tenir sa promesse. Amélie que le sort de cet hom me extraordinaire intéresse, prend Oscar, ou plutôt le jeune lord sous sa protection. Elle le présente dans le monde : elle met son immense crédit à son service; et voilà le voleur anti légal devenu voleur légal....
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - volf
- pyat
- magnus
- félix
- luchet
- félix pyat
- allemagne