Extrait du journal
L’effet de ce petit papier est terrible, il produit une reculade instantanée sur toute la ligne des haussiers. Comparant cette dépêche à nos renseignemens parti culiers et soupçonnant quelque gabegie, j’interroge les personnes qui soat en relations constantes avec Londres. La première que je rencontre est M. Stern. — Croyez-vous à l’authenticité de la dépêche? — Heul heu 1 Je passe à M. Elissen. — La dépêche est-elle vraie ? — Heu 1 heu ! Je m’adresse à M. Bonfil. — Que pensez-vous de la dépêche ? — Heu I heu ! Pendant que ces messieurs, qui ont sans doute leurs raisons pour ne dire ni oui ni non, me répondent de cette façon évasive, le philosophe, à l’instar du jeune Hippolyte, offre do parier les sommes les plus fabuleuses que la dépêche est tout ce qu’il y a de plus vrai au monde. Le tumulte empêche d’entendre un des trois anabaptistes qui lui répond en souriant : — Je vous volerais, si je tenais votre pari ! Suite du précédent. Deux heures sonnent ; M. Gogo se jette dans mes bras en s’écriant : — C’est une infamie, elle était bizeautée. — Quoi donc? — La dépêche. Au même moment Alpaga me souffle ces mots à l’o reille en se frottant les mains. — Le coup est fait, nous avons racheté. S’il y a des vendeurs niais et désolés comme M. Gogo., il en est de mieux avisés comme Alpaga qui ont profité de l’occasion pour reprendre ce qu’ils avaient vendu à découvert. Ce n’a pas dû être sans peine cependant, car j’en ai vu beaucoup au rebord de la corbeille tirant la langue, invoquant tous les agens de change, haletant après le Mobilier, la reûte, etc., et ne trouvant rien du tout. La morale de ceci est que la spéculation à la Bourse ne ressemble nullement au jeu. Passez au piquet qua torze fois et perdez la quinzième, il vous reste toujours treize coups de bons. Vendez quiuze jours de suite à la Bourse et le seizième, si yous ne trouvez pas un nouveau vendeur qui veuille prendre votre place, le bénéfice do quinze jours s’en va en fumée, bien heureux si, pour vous racheter, vous n’êtes pas obligé de racheter à perte. Je fais des voiux, je ne le cache pas, messiers les bais siez, pour que vous soyez tous dans ce dernier cas. Vous méritez une leçon ; puisse celle-ci vous corriger de l’ha bitude de fabriquer de fausses nouvelles ! C’est votre péché mignon. Je vous avertis du reste que la dépêche bizeautée est dans nos mains et que j’en ferai usage si vous ne vous conduisez pas mieux à l’avenir. En vendant pendant quinze jours de la rente vous l’avez fait baisser à 70 10, et quand vous avez voulu reprendre elle a re monté à 70 60 ; grâce à vos canards, le Crédit mobilier est tombé à 1050 et en quarante-huit heures il a refait 1120 ; vos ventes ont conduit l'Espagnol à 727, et dans le même temps que son confrère de France il est revenu à 790. Harangue aux baissier». Dites tant que vous voudrez que ce sont des haussiers téméraires qui relèvent les cours pour vous forcer à ra...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - gogo
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